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Les livres ont la parole : "De père à père", de Pierre Simenon

REPLAY - Le plus jeune fils de Georges Simenon entame dans ce livre un dialogue posthume émouvant avec son père, le créateur de Maigret.

Crédit : Capture d'écran Flammarion

Les livres ont la parole : "De père à père", de Pierre Simenon

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Simenon, non pas Georges ressuscité d'entre les morts mais Pierre Simenon, son plus jeune fils, vient de publier De père à père, chez Flammarion. Dans ce roman autobiographique, l'auteur entame un dialogue posthume émouvant et sans fard avec le créateur de Maigret. Pierre Simenon a l'âge qu'avait son père à sa naissance, 56 ans. Le portrait qu'il fait de son père, auprès de qui il a grandi en Suisse, et le tableau de sa famille qu'il brosse ici sont sans fard, d'une sincérité totale.
"Je crois que si l'on entreprend une démarche qui est de parler de soi et des personnes qui nous entourent, pour moi il faut le faire avec la plus totale honnêteté et ne pas éviter certains sujets qui peuvent être difficiles", explique l'auteur. "Quand je suis né, son mariage avec ma mère battait déjà sérieusement de l'aile, et donc il était pour un tas de raisons, souvent abattu, pessimiste."

Je ne me souviens pas d'avoir jamais aimé ma mère.

Pierre Simenon

Il dresse aussi un portrait terrible de sa mère, Denise. "Je ne me souviens pas d'avoir jamais aimé ma mère", écrit notamment Pierre Simenon. "Il faut aussi préciser qu'elle a quitté le domicile quand je n'avais pas encore six ans. Elle ne me faisait ni chaud ni froid", explique-t-il. L'auteur raconte aussi que tous les psychiatres qu'il a consultés ont conclu que sa mère était probablement malade.

Le suicide de sa soeur

Dans le moment le plus fort du livre, il accable cette mère quand il évoque le suicide de sa sœur, Marie-Jo. "Ma sœur était dès la naissance une jeune fille hypersensible. On peut être hypersensible et mener une vie paisible mais très vite ma mère a commencé à agir d'une manière qui n'était pas propice pour l'évolution de ma sœur. Un soir, elle s'est masturbée devant elle, ce qui pour moi n'était pas un viol physique mais un viol mental complet." L'auteur n'exonère pas non plus son propre père de sa responsabilité, dans ce qui sera le drame de sa vie, le suicide de sa fille. "Il est clair que les deux parties d'un couple sont impliquées quand il se désagrège", explique Pierre Simenon. "Mon père n'avait pas toujours un comportement mesuré. Nous tous avons une part de responsabilité."

Je voulais laisser un testament sentimental à mes enfants.

Pierre Simenon

Quand on lui demande pourquoi il a écrit ce livre, Pierre Simenon explique qu'il y a trois réponses. "Je voulais dire à mon père que je l'aimais, je voulais le dire à ma sœur aussi, parce que je ne lui ai pas souvent dit, et je voulais laisser un testament sentimental à mes enfants. Ils n'ont jamais connu leurs grands-parents, je voulais leur laisser quelque chose qui leur permette de connaître mieux leur famille et leur papa."

Le coup de cœur du libraire :

Francine Serfaty, de la librairie Périples 2 à Boulogne-Billancourt a choisi Ma mère du Nord de Jean-Louis Fournier, édité chez Stock. L'auteur sera présent au salon du livre de Boulogne Billancourt les 5 et 6 décembre.

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