Brian May, guitariste du groupe Queen, se confie en exclusivité sur RTL

Brian May, le cofondateur et guitariste du groupe Queen s'est longuement confié au micro de RTL. Il vient de publier Queen en 3D, aux Éditions Gremese. Un livre singulier où l'on peut découvrir les souvenirs du musicien en trois dimensions, ce que l'on appelle la stéréoscopie. Prenez deux images semblables. Imprimez-les l'une à côté de l'autre. Regardez-les à travers les lunettes-loupes glissées dans le livre et la photo s'animera ! Un procédé qui créé une perception de relief. Brian May - 74 ans aujourd'hui - en parle comme un gamin tant cette technique le passionne.

"J’ai toujours été amoureux de la stéréoscopie et des images en 3 dimensions. Et pendant tout le temps où nous étions en studio ou durant nos tournées avec Queen, j’avais toujours mon appareil photo stéréoscopique avec moi, j’avais donc une quantité astronomique de photos…, raconte-t-il. Et je crois que je ne savais pas trop quoi faire avec. Elles étaient éparpillées partout dans ma maison. Une équipe a tout rassemblé, les a numérisées, et en les revoyant, j’ai été submergé de souvenirs". 

"C’était si fort que je n’arrêtais pas de parler. Quand j’étais gamin, je prenais des céréales le matin, dans le paquet de Weetabix, il y avait deux images sur une carte, ça paraissait tout plat. Et pour un shilling et six pennies tu pouvais recevoir une paire de lunettes par la poste. J’ai inséré la carte dans la fente, et c’était magique !, poursuit-il. A partir de ce moment, je suis devenu accro et mon esprit ne fonctionne qu’en 3D. C’est devenu la quête d’une vie. Et mon père disait toujours « quand avec ton groupe, ça sera fini tu pourras retourner à un vrai métier » ! 30 ans plus tard, j’ai quand même terminé mon doctorat en astrophysiques. J’ai toujours cru que les arts et la science ne devaient pas être séparés. J’en suis la preuve vivante…"

Freddie Mercury, icône démocratique

Brian May a rencontré le batteur Roger Taylor en 1968. Ils forment un premier groupe. Freddie Mercury devient en 1970 le chanteur de leur nouvelle formation que John Deacon intègre au poste de bassiste. Leur premier album paraît en 1973. Entre les photos de leurs début, cette anecdote : l'album Queen a été enregistré la nuit. "Parce que nos producteurs n’avaient pas vraiment envie de dépenser beaucoup d’argent, se souvient Brian May. Et donc ce qui se passait, c’est que les artistes passaient la journée en studio (...) C’est sûr que ça n’était pas idéal, mais on a réussi à le faire ce premier disque malgré les circonstances… Et je voyais déjà en Freddie une icône. Comme un messager, visuellement parlant. Et, c’est moi qui ai décidé qu’on ne voit que lui sur la pochette du premier album. Sous ce projecteur. C’est pas le groupe, juste lui. J’ai compris qu’il était notre logo, notre emblème. Je pensais que c’était la bonne idée, qu’il serait une icône qui en valait la peine". 

"On était chanceux car Queen était une vraie démocratie. D’ailleurs, quand quelqu’un parlait à Freddie comme étant le leader du groupe, il corrigeait toujours en disant "non je ne suis pas le leader, je suis le chanteur principal". Bon, c’était une démocratie mais on s’engueulait tout le temps ! Mais c’était toujours productif et positif. Freddie était quelqu’un d’extrêmement timide. Et dans l’histoire de Queen, on le voit en fait fabriquer son personnage pour devenir le super-héros dans lequel il pouvait se métamorphoser. Freddie est resté timide jusqu’à la fin. Y compris dans sa vie privée. Il n’aimait pas avoir beaucoup de gens dans son entourage ni être visible du grand public. Il avait besoin d’intimité et de son petit cercle d’amis."

Royaux ? Pas vraiment

Grâce aux sublimes photos de Brian May, on plonge dans leur intimité : les concerts au Japon, leurs pauses tasses de thé à la main, des moments volés dans des jets privés ou dans les coulisses de leur conquête américaine. Brian raconte que leur équipe aux États-Unis avait trouvé un slogan pour vendre Queen : "Le rock britannique dans la pure tradition royale".

"C’était un super slogan même si nous n’étions pas vraiment royaux, reconnaît le musicien au micro de RTL. Le nom de Queen, c’était plus une manière de dire que nous étions extrêmement ouverts d’esprit : sur les gens, leurs sexualités, leurs couleurs ou leurs principes. Seule la musique importait. Et c’était pas franchement royal ! On était gamins et bien loin d’intégrer l’establishment. Ça n’est que quarante ans plus tard - Freddie était déjà parti - que j’ai joué sur le toit de Buckingham Palace et que j’ai été vu, je crois, comme faisant partie de l’establishment. Et je crois honnêtement que la famille royale n’approuvait pas vraiment le fait qu’on s’appelle Queen. Je n’en suis pas certain mais ça ne m’étonnerait pas qu’ils aient trouvé ça embarrassant."

Queen jouera avec l'imagerie royale notamment dans leurs clips, ils ont, d'ailleurs, été parmi les premiers à parier sur ce format vidéo dès 1975.

Mode, maquillage et cheveux

Brian May partage de nombreuses photos de scène. On le voit dans sa célèbre chemise à larges manches, Freddie Mercury pantalon de cuir et torse nu ou dans sa combinaison blanche avec l'éclair noir. Pourquoi les rockeurs britanniques ont tant joué avec la mode ? "Uniquement par accident !, confie Brian May. En fait, nous étions à fond dans une démarche quasi d’art dramatique, on voulait présenter notre musique avec fracas. La mode nous a permis d’être le plus expressif possible sur scène. Nos costumes étaient comme ceux d’un acteur. Ils accentuaient nos personnages. Et ils étaient vaguement liés à la mode. C’est juste que des gens comme Zandra Rhodes avaient compris qui nous étions. On avait deux heures sur scène et tout devait arriver pendant ces deux heures : la musique, l’ambiance, le son, l’image, et l’interaction. C’était deux heures intenses. C’était une expérience théâtrale. D’où le maquillage d’ailleurs. Et ça a changé un peu avec le temps, on était moins à l’aise avec tout ça, on voulait être plus nous-même surtout après le 'Live Aid'. 

Autre caractéristique physique : la coupe de cheveux de Brian May. Une crinière bouclée devenue un signe distinctif qu'il arbore toujours. Nous lui avons demandé comment il en avait eu l'idée. "Probablement à cause de Jimi Hendrix !, révèle-t-il. Ça a également un ressort plus profond. Quand j’étais gamin, je voulais me conformer à la norme parce que c’est difficile d’être différent dans une classe. Tout le monde avait les cheveux raides et je détestais les avoir frisés, j’étais gêné. Et ça n’est que quand Jimi Hendrix est apparu, que c’est devenu cool d’avoir les cheveux frisés. Et soudainement j’ai eu l’impression de devenir libre et moi-même. Bon, ils ont changé de couleur depuis ! Je ne sais pas ce qui s’est passé ! Mais je les aime, ça fait vraiment partie de mon identité.

"Je suis un dépressif"

Brian May n'élude pas non plus les moments de tension qu'il y a pu avoir dans l'histoire de Queen, notamment quand ils enregistraient. "Faire des albums était une période assez sombre pour moi", écrit Brian May. Au fil des pages, on remarque qu'il portait toujours une barbe en studio. "Un signe de ma déprime", révèle l'artiste...


"La dépression fait partie de mon maquillage je crois, confie-t-il. Parfois, elle peut être un moteur. Parfois, elle peut vous vider de toute votre énergie. C’est assez difficile de vivre avec. Mais, je sais que je suis un dépressif. Et si vous êtes dépressif, c’est toujours avec vous, et vous devez faire avec, vous devez tenter de devenir ami avec elle. Puis, quand nous enregistrions ce disque, nous étions loin de chez nous. C’était en partie délibéré pour rester concentré sur la création. Puis, quelque chose se passe dans votre tête quand vous êtes séparé de votre famille. On commençait à avoir des enfants. Et je trouvais ça dur."

"Radio Ga Ga" ou... "Radio Caca" ?

L'album The Works s'ouvrait par le tube Radio Ga Ga. Chanson écrite par le batteur Roger Taylor. Sa femme était française et leur fils Félix maniait déjà très bien notre langue... Un de ses mots favoris est à l'origine de ce succès. Confidences étonnantes de Brian May : "Au début, je peux vous le dire aujourd’hui, la chanson s’appelait Radio Caca ! Et c’est la maison de disques, probablement la division française, qui a dit : 'Euh vous ne pouvez pas intituler ce titre Radio Caca', et on a dit : 'OK, on peut l’appeler Radio Ga Ga'… Le truc drôle, c’est que nous ne sommes jamais retournés en studio et que si vous écoutez attentivement, vous entendez « all we hear is radio caca »… C’est toujours là, on n’a rien changé ! Mais personne ne l’entend ! Vous les Français devaient comprendre plus que n’importe qui…"


Queen en 3D paraît aux Éditions Gremese. Il coûte 38 €. Brian May reste ouvert - nous a-t-il dit - à une suite du succès mondial du film Bohemian Rhapsody. Un carton qui a boosté les ventes des best-of de Queen et fait venir un public plus jeune aux concerts...

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