Il n'en est pas à sa première critique vis-à-vis du journal de référence dont il est actionnaire. Mais ses critiques sur le traitement de l'affaire SwissLeaks ont fortement déplu à la rédaction du Monde, qui dénonce une attaque contre son indépendance.
Co-actionnaire du quotidien, Pierre Bergé a accusé mardi le journal de "délation" pour avoir "jeté en pâture le nom" de personnalités mises en cause dans l'enquête SwissLeaks, qui a percé à jour le système d'évasion fiscale orchestrée par HSBC Suisse.
Ce n'est pas pour ça que je leur ai permis d'acquérir leur indépendance. Ce sont des méthodes que je réprouve.
Pierre Bergé sur RTL
Ce n'est pas la première fois que Pierre Bergé, âgé de 84 ans, s'en prend publiquement à la rédaction du Monde. C'est la troisième.
En décembre, il avait déjà insulté le critique littéraire du journal, Eric Chevillard, pour avoir "descendu" un livre de Patrick Modiano. En avril 2013, il avait protesté contre une publicité pour la "Manif pour tous" dans les pages du qutodien.
"Nous condamnons avec force, comme les fois précédentes, cette intrusion dans le contenu éditorial. Le rôle des actionnaires est de définir la stratégie de l'entreprise, et non de tenter de peser sur le sens de l'information", a réagi la Société des rédacteurs mercredi, après avoir d'abord minimisé l'incident datant de la veille.
"Comme il en est coutumier, Pierre Bergé est sorti de sa réserve au mépris du pacte qu'il a cosigné avec les autres actionnaires en 2010. Cela n'a pas empêché et n'empêchera pas les journalistes de travailler sereinement en toute indépendance et responsabilité", a averti la Société des rédacteurs, dénonçant une "intrusion dans le contenu éditorial".
La direction du Monde s'est associée mercredi soir aux journalistes, déplorant "les attaques portées par Pierre Bergé contre les journalistes", dans un communiqué.
"Nous assumons les choix éditoriaux qui ont été faits au cours de cette enquête et lors de sa publication", ont-ils insisté. "Les déclarations publiques d'un de nos actionnaires ne sauraient remettre en cause l'indépendance éditoriale de la rédaction, que nous continuerons de faire respecter scrupuleusement."
"On finit par être habitué aux foucades de Pierre Bergé", avait commenté plus tôt mercredi le président de la Société des rédacteurs, Alain Beuve-Méry.
Matthieu Pigasse, autre co-actionnaire du Monde et vice-président de la banque Lazard, avait lui aussi demandé le même jour à ne pas tomber dans la "délation", se disant toutefois "fier" du travail d'investigation du Monde.
Certains journalistes s'interrogent par ailleurs sur les motivations de Matthieu Pigasse ou Pierre Bergé dans ce dossier, rappelant que l'un est directeur de la banque Lazard et que l'autre a des liens avec le Maroc, dont le roi est mis en cause dans le SwissLeaks.
Le Monde a été racheté en 2010 par un trio d'actionnaires - Xavier Niel, le patron de Free, Matthieu Pigasse et le mécène PierreBergé - qui avaient mis sur la table plus de 100 millions d'euros.
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