Sa voix, reconnaissable entre mille, s'est éteinte mercredi 24 avril. Jean-Pierre Marielle est mort à 87 ans des suites d'une longue maladie, et il laisse derrière lui la trace d'un acteur à l'éclosion tardive mais au répertoire aussi long que diversifié. Né le 12 avril 1932 à Paris, il grandira à Dijon avec un père industriel de l'agroalimentaire et une mère couturière. S'il bifurque vers le théâtre, c'est grâce au conseils avisés de son professeur de lettres.
Il entre au prestigieux Consrvatoire de Paris, où sa promotion recèle des noms eux aussi à jamais dans les mémoires : Jean-Paul Belmondo, Bruno Cremer, Claude Rich, Françoise Fabian et Jean Rochefort. Ce dernier sera l'ami de toute une vie. Stagiaire à la Comédie-Française, il débute sa carrière dans le théâtre, d'autant qu'il sera longtemps boudé par le cinéma.
La Nouvelle vague le cataloguera comme un acteur burlesque et de boulevard. Qu'à cela ne tienne, car sur les planches il va contribuer avec notamment Jean Rochefort à populariser dans l'Hexagone les auteurs anglo-saxons, comme Edward Albee ou Harold Pinter. Et, s'il apparaît dans des comédies de boulevard, il joue aussi, des années 60 aux années 2000, du Claudel, du Tchekhov ou du Pirandello.
Petit à petit, le grand écran finira par lui trouver une place. Après une vingtaine de rôles, il commencera à avoir des apparitions consistantes à la fin des années 60. La queue de Philippe de Broca, Sex-shop de Claude Berri, La valise de Georges Lautner ou Comment réussir quand on est con et pleurnichard de Michel Audiard, finiront de l'installer au yeux du public et à lui offrir un statut dans le métier.
Un de ses plus célèbres rôles au cinéma fut celui de Monsieur de Sainte-Colombe dans Tous les matins du monde d'Alain Corneau (1991). "J'ai été dans tous les genres avec des gens qui ont très bon genre", disait-il avec l'humour de celui qui, désabusé, prétendait être revenu de tout et de tous... Sauf des jolies femmes, comme il le montre si bien dans la tragi-comédie Les Galettes de Pont-Aven de Joël Séria (1975).
Il a été sept fois nominé aux César sans en remporter un seul. Mais ne rien obtenir dans les "comices agricoles télévisuels" lui était indifférent, disait-il: "Les César ? J'en ai rien à foutre !". Des récompenses, il en glanera toutefois à la télévision (7 d'or 1993 du meilleur comédien pour La controverse de Valladolid, d'après Jean-Claude Carrière) et au théâtre ("Molière 1994 du comédien" pour Le retour d'Harold Pinter).
Il cultivait l'humour grinçant et intimidait ses interlocuteurs d'un grand rire et d'une voix d'ogre qui lui permettaient de justifier son caractère rugueux: "Vous aimez qu'on vous emmerde, vous ? Pas moi". Modeste, il avait déclaré sur RTL en 2012 : "Je ne suis ni un monstre, ni sacré".
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