Vous m'avez demandé si j'allais évoquer le monstrueux attentat de cette nuit à Nice dans un billet "ordinairement" réservé à l'"actualité médiatico-médiatique". La réponse est "oui". Évidemment oui. Comme citoyen. Comme journaliste médias. Car, qu'est-ce qui est inévitablement aujourd'hui sur tous les écrans, toutes les radios, dans tous les esprits, au cœur de toutes les douleurs, si ce n'est cet acte monstrueux ? À l'heure où j'écris, TF1 ne remplace-t-elle pas Ninja Warrior, tourné à Cannes, par nos Chers voisins, tandis que France 2 accueille Manuel Valls ?
Nous avons besoin des médias pour savoir. Et on enrage que Daech en ait besoin pour faire savoir. Daech ou les monstres isolés agissant avec son aval. Moi je l'avoue, je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Orlando, Paris, Bruxelles ou Nice. Moi, je suis en colère. S'il faut être quelque chose, soyons la démocratie, et soyons la lutte. Agir aujourd'hui, c'est le seul moyen de ne pas devoir haïr demain... Dans l'une des remarquables spéciales de RTL, il était dit ce matin que de nombreux Français s'étaient réveillés "abasourdis" en découvrant les innocents morts au champ d'horreur à Nice. Mais moi, je suis abasourdie que nous soyons abasourdis.
Nous croyions donc que, après les attentats du 13 novembre, nous avions payé notre tribut au terrorisme ? En quoi le 13 novembre pouvait-il hélas nous protéger du 14 juillet ? Moi, je suis en colère depuis que l'on m'a naguère martelé qu'il ne fallait ni dire ni penser que la France était en guerre. Pour, je cite, "ne pas favoriser la panique et les amalgames". Mais, n'est-ce pas plutôt quand on refuse d'affronter calmement la réalité que l'on risque tout ça ? Parce que moi, je veux bien écouter tous ces témoins qui vantaient le "pouvoir des fleurs et de l'amour face aux armes et à la haine"... tout en chantant autour d'un piano qui massacrait Imagine de John Lennon.
Mais tant qu'à se rassembler pour se tenir chaud, ne vaudrait-il pas mieux apprendre ensemble les "gestes qui sauvent" ? Comment se cacher ? Se coucher ? Ramper ? Respirer ? Protéger son voisin ? Lutter contre la panique? Calmer une victime en état d'hystérie ? Voilà qui serait utile. A-t-on superstitieusement peur que le fait de se préparer au pire le fasse venir ? C'est pourtant pire si on n'est pas préparé ! Envisager le pire, c'est prévenir la psychose.
À Saint-Michel, en 1995, je suis sortie du métro juste avant l'explosion meurtrière.
Isabelle Morini-Bosc
Qui suis-je pour le dire ? Une rescapée. J'ai vécu en 86 - j'y étais - les attentats sanglants du Claridge (février), de la Galerie Point Show (mars), de la rue de Rennes (septembre). Quant à Saint-Michel en 95, je suis sortie du métro juste avant l'explosion meurtrière. Et si je cite pour finir l'agression qui, en 88, m'a obligée à porter un pansement minerve pour blessures au cutter à la gorge, c'est uniquement pour préciser qu'un ami militaire m'a alors donné des conseils qui m'ont ensuite été utiles.
Plus utiles que d'agiter une fleur sous un nez hostile. En suis-je sortie haineuse ? Non. Raciste ? Non. Déterminée ? Oui. Et quand je repense à ce père content de lui déclarant à son petit garçon de 5 ans assis devant le Bataclan (qu'est-ce qu'il faisait là, ce môme?) que les "méchants" ne pourraient jamais vaincre l'amour et le pouvoir des fleurs, j'ai envie de lui dire que le meilleur moyen d'empêcher les méchants de vaincre l'amour, c'est de vaincre les méchants, non ?
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