Isabelle Morini-Bosc : "Laurent Ournac amaigri, les fans de Camping paradis en ont gros sur le cœur"

"Je t'aime, je te dévore"...Et oui, certains fans sont si accro à l'objet de leur flamme artistique qu'ils peuvent en être dangereux. Et même sans aller jusque-là et voir le pire partout, on peut rapprocher cette phrase de la formule populaire "On en mangerait" ou de l'expression toute faite "il (elle) la (le) dévore des yeux" .Qu'est-ce que cela veut dire? Simplement (et c'est beaucoup) que, suite à un "trop plein affectif", nous pouvons aller jusqu'à faire du mal à l'objet de notre désir. Par extension, on constate de façon plus générale que chacun de nous déteste voir son "univers affectif chamboulé".

Dans le domaine sportif, par exemple. Souvenez-vous de l'omerta autour des affaires de dopage sur le Tour de France. Une grande partie des "tourophiles" refusait de voir l'univers des courses mis en cause. Tout plutôt que voir et savoir. je me souviens des réactions en chaîne (de vélo), de mes amis cyclistes pratiquant la politique du "ne rien regarder, ne rien dire, ne rien entendre". Et peu importe si, à terme, la vie d'hommes jeunes partait dans les seringues. Psychologiquement, les coureurs n'étaient pas les seuls à être complètement piqués, Et ce qui vaut pour les autres vaut pour moi dans le domaine télévisuel. Je me suis ainsi surprise à "ressentir de travers" en regardant Laurent Ournac dans Camping paradis (ce soir sur TF1).

Plus maigre, il allait être moins drôle, forcément.

On le sait, le comédien a perdu 45 kilos pour ne plus être en état d'obésité morbide et pour assurer un meilleur quotidien à lui comme à ses proches. Et vouloir voir grandir ses enfants est un sacré argument de poids pour justement en perdre, du poids. Il parait et apparaît du coup nettement amaigri dans l'épisode du jour de Camping paradis. Au lieu dès lors de le regarder pour ce qu'il est devenu, un homme superbe aux contours du visage bien dessinés, je me suis surprise à penser : "Oh zut, il est passé où, le "bonhomme Tom", ce "bon gros" directeur de camping rassurant à qui tout le monde a toujours envie de se confier. J'étais comme ces nombreux téléspectateurs qui ont écrit à la chaîne pour contester, dénoncer, déplorer sa nouvelle apparence.

À deux doigts de le taxer d'égoïsme pour avoir privilégié son physique et sa santé au détriment du personnage qui l'a rendu célèbre : plus maigre, il allait être moins drôle, forcément. Aujourd'hui encore, plusieurs fans en ont "gros sur le cœur". Et parfois ailleurs, au point de considérer qu'il a quasiment trahi sa cause. Tous les corpulents. "Il avait donc honte". Quel ingrat. Non, il a juste voulu cesser de se mettre en danger. Et, accessoirement, goûter au plaisir de devenir enfin ce qu'il rêvait sûrement d'être à l'école : un beau gosse. Et c'est vrai: c'est difficile à admettre pour les minces qui avaient appris "à l'aimer comme ça" et pour les ronds qui, avec lui, avaient appris à "s'aimer comme ça". Or Laurent Ournac adore jouer, sauf avec sa vie.