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"En moins d'une minute, j'avais de l'eau jusqu'aux chevilles" : le récit du naufrage de Charline Picon
Lors de son tour du monde en famille en catamaran, Charline Picon, championne olympique de planche à voile, a expérimenté un moment terriblement angoissant : le naufrage de son embarcation.
Charline Picon (à droite) lors de sa médaille de bronze aux Jeux olympiques de Paris 2024
Crédit : Clement MAHOUDEAU / AFP
Le naufrage très impressionnant de Charline Picon, championne olympique de planche à voile. À l'automne dernier, la triple médaillée olympique décide d'entamer un tour du monde en catamaran avec son mari, Jean-Emmanuel dit Mano, et leur fille Lou qui a 8 ans. Un périple qui a failli virer au drame il y a un mois exactement, dans la nuit du 31 mai au 1er juin. Elle le raconte dans Le Parisien.
Cette nuit-là, leur bateau, le Luna Bay II navigue dans le Pacifique, au large des îles Marquises. "Pas de houle, dit-elle, juste un clapot et un vent de moins de 15 nœuds. C’était l’une de nos navigations les plus faciles, les plus sûres". Mano est à la barre. Charline se repose en cabine avant de prendre la relève et la petite Lou dort à la belle étoile. "On lui avait fait un petit lit, dit son père, elle voulait voir les étoiles filantes".
"Là, on croise les doigts. On garde notre calme pour Lou mais on commence à avoir peur".
Charline Picon
Et soudain, le choc. Énorme, violent. "En moins d'une minute, j'avais de l'eau jusqu'aux chevilles", raconte Charline. Le Luna Bay II a heurté un Ofni, un Objet flottant non identifié. Il faut vite trouver la brèche, la réparer. Mais l'eau monte beaucoup trop vite et elle atteint déjà les genoux.
Alors chacun fait ce qu'il a à faire, même pas besoin de se parler. Mano affale les voiles, et il commence à préparer le radeau de survie. Charline prévient les secours. Enfin, elle essaye parce que la connexion satellitaire ne fonctionne plus, et la radio VHF ne porte pas assez loin. Elle lance un "Mayday", mais sans beaucoup d'espoir, ils sont à 120 km de la première île habitée.
Reste la balise qui permet aux secours de localiser les navires en détresse. Elle est lancée, mais aucun moyen de savoir si le signal a été reçu par quelqu’un. "Là, on croise les doigts, dit Charline. On garde notre calme pour Lou, mais on commence à avoir peur". Elle prépare des vivres, de l'eau, les passeports. Lou rassemble ses doudous, même pas peur. Enfin si, un peu, quand le catamaran commence à gîter avant de sombrer pour de bon. Commence alors une longue attente à bord du radeau de survie : sept heures d'attente.
Les secours ont failli passer à côté
D'autant plus qu'il y a une fuite dans le radeau, il faut écoper toutes les 5 minutes. Le vent les pousse vers le Japon et l'Australie qui sont à des milliers de kilomètres et ils sont à l'écart des routes habituelles. Pas de quoi être optimistes. Mais il existe un dieu pour les marins perdus. Leur signal a été repéré par les sauveteurs polynésiens et un avion de la Marine nationale finit par survoler le radeau.
Ultime montagne russe émotionnelle : la fusée qu'ils lancent pour se faire repérer fait pschiit. Il en faudra une deuxième. Plus tard, ils sauront que les pilotes ont repéré le catamaran "à vue", pas au radar. Autrement dit : il a bien failli passer à côté.
La suite, c'est une grosse grippe, des nuits agitées, des questions sans réponse : mais elle était où, cette voie d'eau ? Ils restent marqués, mais Mano veut garder le meilleur, il dit : "on se sera sauvés ensemble". Et Charline Picon, elle, est déjà prête à repartir.
