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Le siège du groupe M6 à Neuilly-sur-Seine
Crédit : AFP
TF1 et M6 ont donc renoncé à leur fusion, devant l’hostilité de l’autorité de la concurrence …
Je tiens à préciser d’abord que je travaille pour les deux entreprises, TF1 et RTL, qui appartient à M6. Si je parle de ce projet de rapprochement, c’est parce que cet échec m’en rappelle plusieurs autres, similaires. Voilà trente ans que les autorités de la concurrence nationales et européennes bloquent la construction de champions nationaux, de facto au bénéfice des Américains ou des Chinois.
Il y a trois ans, c’était l’interdiction du mariage entre le géant des transports français Alstom et l’Allemand Siemens. Il y a vingt ans, Schneider-Legrand, dans l’appareillage électrique. Il y a trente ans, les avionneurs Aérospatiale et De Havilland. A chaque fois, comme pour TF1 et M6, l’argument est le même : il faut protéger le consommateur contre des entreprises trop puissantes, qui pourraient abuser de leur position dominante en montant leurs prix.
Bon, on comprend la logique…
Le problème, c’est qu’elle fait fi de la souveraineté européenne ou française. À ne pas laisser grandir les acteurs locaux, on encourage les concurrents étrangers. Par exemple, après l’interdiction de la fusion Alstom-Siemens, les deux premiers mondiaux du secteur, chinois, ont fusionné, pour créer un mastodonte. Vous croyez que les autorités de la concurrence chinoises ont protesté ? Évidemment non. C’est ce monstre qui opère aujourd’hui sur les marchés internationaux, avant d’arriver en Europe même, pour tailler des croupières à nos industriels.
Et c’est pareil pour le secteur de la télévision. Aujourd’hui, les chaînes classiques font face à une concurrence bien plus large que naguère, avec l’arrivée des Netflix, Amazon, ou Youtube, filiale de Google. Netflix possède dix millions d’abonnés en France. Ces Gafa américains ont des moyens considérables pour investir dans la production télévisuelle, bien plus importants que les acteurs européens. D’où l’intérêt d’une fusion pour peser davantage sur un marché considérablement élargi par l’arrivée de ces monstres.
Mais l’autorité de la concurrence a préféré ne considérer que le marché des bonnes vieilles chaînes de télé classique et française, sur lequel l’ensemble TF1-M6 aurait été en effet dominant face aux annonceurs, c’est-à-dire ceux qui achètent de la publicité, ils s’inquiétaient de la fusion. Elle regarde derrière, vers la télé de l’époque de Roger Gicquel...
En fait, TF1-M6 aurait été dominant sur un marché qui existe de moins en moins… Parce que ses frontières ont volé en éclat avec internet, avec la multiplication des écrans et l’arrivée de nouveaux concurrents. On estime par exemple que le seul Netflix va récupérer 600 millions d’euros de publicité dans les deux ans qui viennent.
Cela veut dire qu’il faudrait laisser les fusions se faire ? Non, c’est indispensable qu’il y ait une autorité de la concurrence pour demander des garanties, des contreparties le cas échéant. Encore faut-il qu’elle appréhende le marché dans sa dynamique… Faute de quoi, on en arrive une nouvelle fois à une situation paradoxale où la défense du consommateur français se fait au détriment des entreprises françaises, et en faveur des Américains et des Chinois.
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