Pendant un an et demi, Marie Drucker est allée à la rencontre de cinq femmes incarcérées en prison. À visage découvert, ces personnes ont accepté de se confier face à sa caméra. Des témoignages que les téléspectateurs peuvent découvrir dans le documentaire Détenues, diffusé mardi 9 février à partir de 23 heures sur France 2. Avec ce film, la journaliste a voulu mettre en lumière un sujet de société qui concerne une population "marginale", étant donné que les prisons sont peuplées par 70.000 hommes contre seulement 2.000 femmes.
Au micro de RTL, Marie Drucker prévient cependant qu'il ne faut pas s'attendre à un film "sur la prison" ou "sur les conditions de détention". Sa démarche "totalement humaniste" lui a ainsi permis d'aboutir à un film porté "sur la culpabilité, le regard que l'on porte sur soi, ce qui fait basculer une vie".
Pour instaurer un "lien de respect mutuel avec ces détenues et devenir "familière dans leur environnement", Marie Drucker a d'abord "passé six mois sur place, à raison d'une fois par semaine, sans caméra, avant de commencer à filmer". Mais si elle a "nécessairement" fait preuve d'empathie face à elles, elle assure n'avoir "jamais" éprouvé "de la compassion, de la fascination, de l'admiration ou de la condamnation".
À première vue, les femmes interrogées ont toutes en commun d'avoir tué ou d'avoir voulu tuer. Mais elles sont aussi "toutes radicalement différentes, sans pour autant être opposées", raconte la réalisatrice. "Elles acceptent leur culpabilité, mais elles ont du mal à vivre à la fois avec ce qu'elles ont fait et avec leur peine. Et autre point commun dévastateur : leur famille ne veut plus les voir", ajoute-t-elle en illustrant son propos avec le cas de Betty, condamnée à 17 ans pour complicité dans un meurtre, et qui n'a plus aucun lien avec sa mère.
Le documentaire permet également de mettre en exergue l'importance du temps qui passe en prison, d'autant que l'une des femmes se fait la réflexion qu'elle va sans doute mourir dans sa cellule. "Le temps n'est pas figé en prison. Il y a des arrivées, des sorties, des disputes, des maladies, des nouvelles de l'extérieur... Ça a été une première grande leçon", raconte Marie Drucker.
Depuis la fin du tournage, la journaliste est retournée voir les détenues pour leur montrer le film avant la diffusion : "Je ne voulais pas qu'elles se prennent en plein visage leur image. (....) C'est violent de se voir à la télévision, ça peut être difficile". Il semble ainsi que le documentaire ait été bien accueilli. "Elles ont vu qu'à aucun moment je les avais trahies ou instrumentalisées", affirme Marie Drucker qui n'exclut pas de rester en contact avec les détenues : "Si elles me sollicitent, m'écrivent et demandent des nouvelles, évidemment, je serai là.
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