"Monuments Men" : Cate Blanchett dans la peau d'une résistante française

WEB SÉRIE (12/12) - Cate Blanchett est à l'affiche de "Monuments Men" dans le rôle de Claire Simone. Un personnage directement inspiré de Rose Valland, ancienne conservatrice au Musée du jeu de paume.

“Cate Blanchett fait des tas de choses bien mieux que moi”, reconnaît Matt Damon au micro de RTL. Tous deux partagent l’affiche de Monuments Men, en salles le 12 mars 2014.

Mais contrairement à Matt Damon, dont le personnage, l’Américain James Rorimer, s’essaye au français à plusieurs reprises sans grand succès, l’actrice dévoile un accent impeccable.

“Je pense que Cate est l’une des deux plus grands actrices vivantes de nos jours, avec Meryl Streep”, estime pour sa part George Clooney, réalisateur du film, dans une interview mise en ligne en janvier 2014.

“J’ai eu de la chance qu’elle accepte le rôle. Elle et Meryl sont similaires en ce qui concerne les accents. Meryl dit toujours qu’ils ne sont pas difficiles à faire, qu’ils lui viennent comme ça. Cate a une très bonne oreille, donc les accents ne sont pas un problème pour son jeu d’actrice. Elle est naturelle. Ça ne veut pas dire qu’elle ne fait pas d’effort, mais on ne le voit pas. C’est une vraie pro.”

Une conservatrice de musée devenue résistante

Cate Blanchett, qui a décroché l’Oscar de la meilleure actrice lors de la cérémonie des Oscars 2014, met son jeu au service du personnage de Claire Simone, une version fictionnelle de la conservatrice de musée française Rose Valland.

Cette employée du musée du Jeu de paume, à Paris, a joué un rôle déterminant dans la quête des Monuments Men, partis à la recherche d’œuvres d’art dérobées par les nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Rose Valland, employée au musée du Jeu de paume pendant la Seconde Guerre Mondiale, a joué un rôle déterminant pour la mission des Monuments Men.

Crédit : HO / AFP

Diplômée de l’école des Beaux-Arts de Lyon et de celle de Paris, Rose Valland devient salariée du Jeu de paume en 1941, après y avoir travaillé bénévolement. À cette époque, sous l’Occupation, le musée devient le quartier général de l’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, la section du parti nazi dédiée à la confiscation de biens culturels.

Rendre les oeuvres d’art à leurs propriétaires

Discrète, Rose Valland demeure au musée en tant qu’espionne, sous les instructions du directeur des musées nationaux, Jacques Jaujard. Elle entreprend alors de garder la trace des différentes œuvres d’art volées et déplacées par les nazis.

Elle communique ces précieuses informations à James Rorimer, un autre Monuments Man, en décembre 1944, six mois après l’arrivée des Alliés en France. La même année, elle devient avec Jacques Jaujard l’un des membres les plus en vue de la Commission de récupération artistique, chargée de localiser et de rendre à leurs propriétaires légitimes les œuvres d’art dérobées. Elle raconte ce travail, qui l’occupe bien après la fin de la guerre, dans le livre Le front de l’art, paru en 1961.

De nombreux hommages

Rose Valland reçoit successivement la Légion d’honneur, la Médaille de la Résistance et le titre de chevalier des arts et des lettres. Les États-Unis lui décernent en 1948 la médaille présidentielle de la liberté, tandis que l’Allemagne lui remet la croix fédérale du Mérite. Lorsqu’elle meurt en 1980 à l’âge de 81 ans, ses actions sont encore méconnues. L’historienne Corinne Bouchoux lui consacre une biographie en 2006, intitulée Rose Valland : résistance au musée.

En 2010, le centre d’histoire de la résistance et de la déportation de Lyon lui dédie une exposition, La dame du Jeu de paume. “Grâce à elle, on n’ajoute pas l’injustice de la spoliation au drame de l’extermination”, explique Isabelle Rivé, directrice du Centre. “À sa manière, elle a contribué à apporter un peu d’humanité dans ce terrible conflit mondial.”