En 1876, Gustave Eiffel a 44 ans. Son entreprise a pignon sur rue, dans ce qui est alors le département de la Seine près de Paris. Les ateliers de Levallois-Perret usinent et exportent les pièces de fer en France et à l’étranger.
L'entreprise a gagné un concours international pour un pont ferroviaire sur le Douro à Porto, au Portugal, grâce à une solution révolutionnaire, une arche pour franchir une gorge encaissée. Ce pont va fasciner l’Europe entière. Il est montré en modèle réduit à l’exposition universelle de Paris de 1878, et tape dans l’œil de Léon Boyer. Ce jeune ingénieur brillant est en poste dans le Cantal, où il est chargé des études et des travaux du chemin de fer.
Le train a divisé les coûts de transports par quatre. La France se couvre de lignes nouvelles, l’État a décidé de désenclaver le Massif Central. Une ligne de Paris à Montpellier est en construction. Et entre Neussargues et Marvejols s’ouvre un obstacle jugé infranchissable : les gorges de la Truyère.
Léon Boyer a fait les calculs : il est certain qu'un pont en arche du type de celui de Porto pourrait permettre de franchir l'obstacle. Et il propose l'idée à ses supérieurs.
Le viaduc aura 565 mètres de longueur, il passera à 122 mètres au-dessus de la rivière de la Truyère, et il aura la plus grand arche du monde, 165 mètres de portée d’une rive à l’autre de la gorge.
Un chantier jamais vu, et pourtant c’est la meilleure solution économique. Le gouvernement dit banco, le projet est tellement séduisant qu’il n’y aura pas d’appel d’offre. Ce sera Eiffel et personne d’autre qui construira ce pont.
Il faut tout amener à Garabit où il n'y a rien en 1880, ouvrir des routes, construire un village et des ateliers pour les ouvriers. Les pièces sont usinées à Levallois-Perret, acheminées en train jusqu'à la gare la plus proche de l'époque, et les 30 derniers kilomètres sont faits avec des charriots tirés par des boeufs ou des chevaux.
Eiffel utilise la même méthode de construction qu'à Porto, sans échafaudage. Au fur et à mesure que l’arche s’élève elle est accrochée aux pylônes déjà construits de part et d’autre - ceux qui supporteront la voie ferrée tout là-haut - par des câbles en acier qui retiennent la structure jusqu’à ce que les deux côtés se rejoignent le 20 avril 1884, jour où les deux parties de l’arche sont rivetées ensemble pour battre un nouveau record du monde.
Ce viaduc a représenté un changement prodigieux dans la vie des Auvergnats. La vitesse la plus rapide à l'époque ne dépassait pas les 18 km/h d'un cheval au galop. Grâce au train et au viaduc, on peut aller à 50 km/h, faire un aller-retour à Clermont-Ferrand en une seule journée.
L’art de l’ingénieur apparaît de manière éclatante à Garabit, où la rationalité implacable des équations dessine une forme nouvelle et harmonieuse, un trait d'union spectaculaire entre les deux rives d'une gorge.
Le viaduc de Garabit a été classé monument historique, il accueille toujours le trafic de la ligne Paris-Montpellier, et il est encore plus spectaculaire depuis qu’il a été repeint en "rouge Gauguin" entre 1992 et 1998, c’était la couleur d’origine de la Tour Eiffel.
Le viaduc de Garabit est achevé en septembre 1885, il faudra encore attendre la fin des travaux du reste de la ligne pour que les trains y circulent.
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