Marcel Pagnol : une vie semée de deuils

"Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins", écrivait Marcel Pagnol dans son ouvrage Le Château de ma mère, publié en 1957. Une phrase qui résume parfaitement la vie de l'écrivain, qui a perdu beaucoup de proches dès son enfance. L'écriture de ses mémoires lui a permis de retrouver tous ces disparus, qu'il appelait affectueusement ses chères ombres. "L'écriture a dû probablement être une consolation", confie la biographe Karin Ann, biographe et auteure de Marcel Pagnol, un autre regard, aux éditions du Rocher.

Le petit Marcel Pagnol perd d'abord sa mère alors qu'il n'a que 15 ans. Il entretenait avec une relation très fusionnelle qu'il décrit dans ses mémoires À la gloire de mon père. Huit ans plus tard, Marcel Pagnol fait face au deuil de son ami David Magnan, désigné sous le nom de "Lili des Bellons" dans ses mémoires. Ce dernier est mort sur le champ de bataille, quatre mois avant la signature de l'armistice. 

En 1932, alors que Marcel Pagnol commence à connaître la gloire avec la mise en scène de sa pièce de théâtre Fanny, deuxième volet de ce qui deviendra la célèbre trilogie marseillaise, le dramaturge perd son frère alors âgé de 34 ans. Une nouvelle ombre de son enfance en Provence. "C'est à chaque fois quand il a vraiment une raison de se réjouir, alors qu'il vient d'être encensé pour un succès, que frappe la mort, que frappe un drame", raconte la biographe Karin Ann. 

En 1951, c'est son père qui décède et trois ans plus tard, Marcel Pagnol perd sa fille Estelle, âgée d'à peine deux ans et demi. L'enfant a été victime d'une crise acétonémie. Un drame dont l'auteur ne se remettra jamais réellement, et qui le fera arrêter subitement le cinéma. Ce n'est qu'en 1957, à 62 ans, que Marcel Pagnol commence à rédiger ses mémoires, qui connaîtront un succès incroyable.