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Le tapis rouge au Festival de Cannes (illustration).
Crédit : CHRISTOPHE SIMON / AFP
La ville de Cannes et le cinéma semblent être devenus indissociables. Et pourtant. Tout commence en 1938 : Philippe Erlanger, diplomate en charge de faire rayonner l’art français à l’étranger, est dans le jury de la Mostra de Venise, le plus vieux festival de cinéma du monde.
Le problème c’est que cette année-là, alors que Mussolini a pris les rênes de l’Italie, le palmarès est complètement trafiqué. L'année précédente en effet, aucun film allemand n'avait été récompensé à Venise, ce qui avait déplu à Adolf Hitler.
Le Duce italien, pour lui faire plaisir, ordonne que le Grand Prix, baptisé la "Coupe Mussolini", ne soit pas décerné au film américain choisi par le jury mais aux Dieux du Stade de Leni Riefenstahl, film de propagande à la gloire du nazisme et des Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Ex-aequo, tant qu’à faire, avec un autre film, Luciano Serra, pilote, produit par le fils de Mussolini lui-même.
Choqué par cette farce, Philippe Erlanger annonce alors que la France se retire de la Mostra. On laisse les gondoles et les fascistes à Venise. Il propose en réaction de lancer un festival parallèle, un festival libre, sans aucune pression politique.
Sous l’impulsion de Jean Zay, ministre de l’Éducation nationale
d’alors, un appel d’offres est lancé pour accueillir cette
manifestation. Plusieurs villes sont sur les rangs, dont Cannes, mais
aussi Deauville, Aix les Bains, Vichy et Biarritz. Cannes est favorite
mais à la surprise générale, c’est Biarritz qui est choisie ! Et ce grâce à
son prestige depuis que l’empereur Napoléon III y passait ses vacances, et surtout à la subvention promise par la ville.
Cannes ne s’avoue pas vaincue et fait une contre-proposition avec plus d’argent et la mise à disposition de tous ses prestigieux hôtels. Biarritz ne peut pas s’aligner et l’État français choisit donc Cannes pour ce festival du film. La première édition n’aura pas lieu en septembre 1939 comme prévu, car au même moment l'Allemagne vient d’envahir la Pologne.
On aura juste le temps de projeter un seul film avant de tout stopper. Il faudra attendre 1946 pour qu’on se mette enfin à célébrer le cinéma sur la Croisette !
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