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Jean-Louis Trintignant, clown triste

PORTRAIT - Jean-Louis Trintignant fête ses 88 ans en remontant sur scène. Au générique de 130 films dont quelques films cultes.

Jean-Louis Trintignant sur le tapis rouge de Cannes, le 22 mai 2017

Crédit : Alberto PIZZOLI / AFP

Isabelle Choquet & Marie Sasin

Il fête ce soir ses 88 ans en remontant sur scène pour lire les poèmes qu'il aime tant. Jean-Louis Trintignant, clown triste. C'est un type en pleine déprime qui décide d'aller voir un psy. Le psy lui conseille d'aller voir dans un petit cirque un clown extraordinaire, ça lui fera du bien. "Non", répond le type. "Comment ça non ?", "le clown c'est moi".

Cette histoire c'est Jean-Louis Trintignant qui la raconte dans les colonnes du Parisien. Le clown c'est lui, acteur malgré lui, comme une thérapie pour vaincre sa timidité maladive. Il avoue avoir pris des drogues douces pour se désinhiber, pour être drôle lui qui n'est pas gai. Belmondo, on lui tapait dans le dos, on le tutoyait, lui on lui servait du Monsieur.

Moins populaire Trintignant, plus cérébral. 130 films, quelques monuments, chabada bada et pourtant le doute en permanence, tendance autodestruction, il a failli mourir au volant, à 325 kilomètres heure. Plus d'une fois, il a voulu tout arrêter, ne plus faire faire l'artiste, être quelqu'un d'autre.

Il se considère comme un raté

Un raté qui a eu beaucoup de chance, dit-il. "Mais ma vie au fond, elle n'est pas brillante". Il a failli être photographe, il a raté le premier rôle d'Un tango à Paris, à la demande de sa fille. Il a raté sa carrière de réalisateur, deux films passés inaperçus.

Raté aussi sa reconversion en coureur automobile, raté encore sa carrière de clown. "J'ai un physique un peu triste", dit-il "mais j'aurais adoré faire rire, j'aurais adoré être Coluche". Si c'était à refaire, il serait musicien. Il adore Bach.

Et puis il y a les femmes. "J'ai toujours été très malheureux en amour", dit Trintignant. "Il y a beaucoup de femmes qui m'ont quitté". Quitté par Audran, par Bardot, qui a dit de lui "j'ai aimé Jean-Louis comme je n'ai peut-être plus jamais aimé".

Des ratés, mais un drame

"Je suis mort le 1er août 2003", dit-il, le jour où sa fille Marie est morte. "La souffrance de l'avoir perdu écrase tout". À la douleur s'ajoute la culpabilité, ce soir là il devait la retrouver et il n'est pas venu. "C'était un long voyage, c'est peut-être ma faute", dit-il.

Seul le travail le tient debout, mais désormais il signe ses autographes "Trintignant à la fin de sa vie", car la mort rôde et le taraude, un cancer qui ronge. "Je ne me bats pas, je laisse faire", dit-il. Au moment où il a l'air de sombrer dans sa belle voix mélancolique, un sourire se faufile.

"C'est un peu difficile à vivre une vie mais c'est déjà une chance d'avoir été invité". Ultime politesse de clown fatigué. "Je suis content d'être venu".

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