Jacques Prévert a mis sa poésie dans la bouche des plus grands acteurs
À LA CROISÉE DES DESTINS - Celui qui a été l'un des plus grands poètes du XXème siècle va donner au cinéma une bonne partie de ses lettres de noblesse.

La croisée des destins entre Jacques Prévert et le cinéma débute dès qu'il se décide à prendre la plume. Des réalisateurs remarquent alors ce type au regard de clown perdu, qui vit de petits boulots et fait du théâtre devant les usines en grève.
Jean Renoir lui demande un scénario. Le crime de Monsieur Lange sort en plein Front Populaire. Comme la voiture de Monsieur Lange, Prévert roule à toute vitesse vers la notoriété et le succès. Mais cela n'a aucune importance.
Prévert compose le nez au vent, l'oreille collée aux bistrots parisiens. Il respire l'air du temps et donne naissance à des scènes d'anthologie. Le "Bizarre" de Drôle de drame, le regard diabolique de Louis Jouvet, celui effaré de Michel Simon, c'est Prévert. Il va bientôt écrire d'autres chefs d'oeuvre, et faire parler les actrices comme des femmes amoureuses.
Quai des Brumes, Gabin, Morgan. C'est l'époque où Prévert croise une jeune actrice qui rayonne comme un soleil et jure comme un charretier, Arletty. Ils ne seront jamais amants. Mais entre eux, c'est un vrai mariage de cinéma (Le Jour se Lève, Les Visiteurs du soir, Les Enfants du paradis...)
Arletty parle du "cas Prévert", cet homme qui aime par dessus tout les femmes. Il livre sans retenue sa poésie au cinéma, et à la chanson avec son complice Wladimir Cosma.
Avec lui, même dans la vraie vie, ses conversations entre amis semblent toujours destinées à un scénario. Après l'échec des Portes de la nuit, le poète va prendre un peu plus de distance avec les studios, puis s'en éloigner définitivement.
Il meurt en 1977, en laissant derrière lui son testament poétique au cinéma, Le Roi et L'Oiseau.