Gone Girl, en salles depuis le 8 octobre, a beau connaître un certain succès au box-office, il est aussi au cœur d'une polémique. Il est considéré comme misogyne par le réseau Osez le féminisme. Pour comprendre cette accusation, un retour sur le scénario s'impose. [SPOILERS] L'intrigue tourne autour de la disparition d'Amy Dunne (jouée par Rosamund Pike), dont le mari Nick (interprété par Ben Affleck) se retrouve accusé.
Si la première partie s'efforce de le dépeindre comme un mauvais mari, le scénario bascule dans sa deuxième moitié. Derrière le sourire d'Amy se cache en réalité une mythomane et sociopathe qui simule son propre meurtre pour attirer de graves ennuis à son mari. Elle souhaite en effet se venger, entre autres, de l'infidélité de son époux.
C'est l'attitude vengeresse d'Amy qui suscite la polémique. Le réseau Osez le féminisme dénonce ainsi la misogynie latente de Gone Girl dans une tribune de Justine Le Moult et Amanda Postel. Les deux militantes reprochent au film de véhiculer "le cliché patriarcal de la perversion féminine idéale, qui utilise la violence psychologique, soi-disant arme favorite des femmes, pour humilier et blesser son mari".
De même, l'agression physique de Nick sur Amy est justifiée selon elles par un argument "masculiniste". À en lire la tribune, la scène où Nick pousse sa femme sur les escaliers sous-entendrait que le mari se retrouve "contraint à utiliser une violence physique" contre son épouse. Il n'a d'autre choix que de la violenter et le film peut laisser sous-entendre qu'elle l'avait un peu cherché.
Osez le féminisme dénonce le portrait général que peint David Fincher des femmes, les faisant passer pour des misandres (personne qui hait le sexe masculin, ndlr). La tribune d'Osez le féminisme précise ainsi : "Nick apparaît comme un pauvre homme victime des femmes, de sa folle de bien-aimée d'abord, mais aussi de l'horrible harpie de journaliste qui l'accuse sans preuve devant des millions de téléspectateurs, et même de la policière avertie qui l'abandonne finalement à son triste sort." il est vrai que chaque femme présentée dans le film ne porte pas Nick dans son cœur.
Gone Girl dresse un portrait très sombre d'Amy, qui cache derrière son beau sourire, une haine profonde pour son mari. Elle n'est pas une victime. Elle est le bourreau et passe ainsi aux yeux des spectateurs pour la méchante.
Le site Ecran Large précise néanmoins que "Amy n'est rien de plus qu'un reflet diabolique des angoisses de l'Homme moderne, et une incarnation extrême du féminisme qui en découle". Sous-entendu le féminisme dont pourrait faire preuve Amy est tellement poussé à l'extrême qu'elle finit par devenir un bourreau.
La journaliste Ariane Nicolas de France TV estime, quant à elle, que les apparences ne sont pas aussi caricaturales qu'elles semblent être. Le personnage d'Amy n'est ainsi pas plus un bourreau qu'elle est victime de la société. Elle souhaite simplement sortir du carcan dans lequel elle se retrouve enfermée. Ses parents, écrivains, l'ont transformée en une héroïne de livre jeunesse. Amy s'est alors vu rattachée à l'image de la fille parfaite que ses parents dessinaient d'elle depuis son enfance. Elle tente de se construire une vie idéale : mari, enfants, vie sociale respectée qui répondraient à ces critères.
Laissons le mot de la fin à David Fincher. Pour le réalisateur de Gone Girl, son film est simplement une satire du mariage et espère qu'il suscitera des discussions au sein des couples.