"Je suis profondément désolée pour ceux à qui j’ai causé de la peine". L’actrice principale d’Emilia Pérez, Karla Sofía Gascón, s’est excusée publiquement ce vendredi 31 janvier après que d’anciens tweets sur la communauté musulmane et la mort de George Floyd ont refait surface.
En septembre 2020, elle écrivait : "L’islam est merveilleux, sans aucun machisme. Les femmes sont respectées, et quand elles sont ainsi respectées, on leur laisse un petit trou carré sur le visage pour que leurs yeux et leur bouche soient visibles, mais seulement si elles se comportent bien". Son texte était accompagné d'une photo d’une famille musulmane au restaurant où la femme porte une burqa.
Par ailleurs, Karla Sofía Gascón a qualifié George Floyd, tué en mai 2020 par la police américaine, de "toxicomane" et d'"escroc". Elle a également déclaré que "sa mort a permis de souligner une fois de plus qu’il y a des gens qui considèrent encore les Noirs comme des singes sans droits et ceux qui considèrent les policiers comme des meurtriers. Tous ont faux".
En 2021, les Oscars en ont également pris pour leur grade : "Je ne savais pas si je regardais un festival afro-coréen, une manifestation Black Lives Matter ou le 8M [abréviation qui désigne la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, ndlr]. À part ça, un gala moche, moche".
Depuis, ses critiques ont été moins virulentes puisque, pour son rôle de narcotrafiquant mexicain qui décide de changer de sexe pour s'offrir une nouvelle vie, Karla Sofía Gascón a été nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice. C'est la première comédienne trans nommée dans cette catégorie.
Outre les polémiques qui éclaboussent l'actrice principale d'Emilia Pérez, c'est plus globalement le film qui cristallise les critiques. La comédie musicale de Jacques Audiard, pourtant nommée 13 fois aux Oscars, 12 fois aux César et récompensée trois fois aux Golden Globes, ne fait pas l'unanimité au Mexique, théâtre de l'intrigue de la comédie musicale, et au sein de la communauté trans, dont Karla Sofía Gascón, est devenue un visage.
Le film a été qualifié "de portrait profondément rétrograde d'une femme trans" par l'association américaine Glaad qui dénonce les atteintes aux personnes LGBT+ dans les médias. L'association estime que le long métrage fait "un pas en arrière dans la représentation des personnes trans". Elle pointe également du doigt le fait que la grande majorité des critiques du film n'ont pas été faites par des personnes issues de la communauté trans.
Autres critiques. La vision trop eurocentrée du film, l'image stéréotypée du Mexique qu'il renvoie et ses inexactitudes culturelles. "Dans Emilia Pérez, tout est superficiel, dénonce le journaliste Luis Pablo Beauregard dans El País. On assiste, stupéfait, à la renaissance d'un narcotrafiquant violent qui, grâce à son nouveau sexe, devient une courageuse activiste en faveur des disparus. Dans la fiction, ces disparitions sont le fait de la criminalité organisée. La production semble ignorer que le pays compte des milliers de disparitions forcées, perpétrées par les autorités et l'armée."
L'absence d'acteurs principaux mexicains, à part Adriana Paz, et le fait que le film ait été tourné dans des studios en banlieue près de Paris et non au Mexique n'arrangent rien. Pour dénoncer cette représentation caricaturale du Mexique, une influenceuse mexicaine, Camila Aurora, a décidé de réaliser un court-métrage satirique qui reprend tous les clichés de la culture française. Baguette, béret, marinière, croissant, tout y est. La parodie raconte l'histoire d'une femme transgenre, Johanne Sacrebleu, "héritière de l'empire des baguettes, qui tombe amoureuse du principal concurrent : l'unique prétendant à la dynastie des croissants", indique Vanity Fair. Depuis sa mise en ligne, le 25 janvier, la vidéo a été vue presque deux millions de fois.
Face à ces critiques, Jacques Audiard s'est excusé. "Le cinéma ça n’apporte pas de réponse, ça pose des questions. Peut-être que les questions que pose Emilia sont déplacées, je ne sais pas. Mais je ne les trouve pas inintéressantes. Je ne veux pas être prétentieux mais il y a des thèmes dans Emilia qui sont universels", a-t-il indiqué dans une interview à CNN.
Le réalisateur français a néanmoins reçu du soutien. La réalisatrice mexicaine de True Detective, Issa López a ainsi déclaré que "Audiard a traité ce thème, si sensible pour nous, mieux qu’aucun Mexicain ne peut le faire en ce moment. Le film est un chef-d’œuvre".
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