ÉDITO - Festival de Cannes 2025 : "Est-il devenu un festival de pisse-froid ?", s'indigne Saporta

Dans son édito du vendredi 16 mai, Isabelle Saporta critique les nouvelles règles en vigueur sur le tapis rouge du festival de Cannes concernant, notamment, les tenues des invitées.

L'arrivée sur le tapis rouge du Festival de Cannes de l'équipe du nouveau "Mission Impossible"

Crédit : Vittorio Zunino Celotto / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP

CANNES - "C'est quoi cette nouvelle course délirante à la pruderie ? C'est quoi ce festival de tartuffes ? De faux dévots ?"

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"Le festival où tu cannes". L'alliance contre le tabac a détourné le festival de Cannes pour dénoncer la surreprésentation de la cigarette à l'écran au cinéma : 90% des films français comporteraient encore aujourd'hui, malgré la loi, au moins une scène en rapport avec le tabac.

Mais quel cauchemar ! Comment le festival de Cannes, incarnation depuis toujours de la provocation, du luxe, des fêtes, de l'excès d'alcool et du stupre, est-il devenu en un rien de temps un festival de pisse-froid ? Ça va être ça la polémique de l'année ? Visionner des films tue ? Va-t-il y avoir la police de la clope à l'entrée des salles obscures ?

Et puis bien menée, cette brigade de la cigarette va pouvoir lancer des opérations conjointes avec la brigade anti-nudité ou anti-traîne trop longue du festival de cette année. Car oui, maintenant à Cannes, fini les excès. La robe se doit d'avoir la traîne modeste et, surtout mesdames, cachez cette chair qu'on ne saurait voir : ni trop dénudées, ni trop transparentes, ces robes, s'il vous plaît.

Qu'on nous laisse rêver devant des actrices bien habillées, se baladant une clope à la main et buvant quelques bulles de champagne !

Isabelle Saporta

Mais allons plus loin. On pourrait carrément inciter ces actrices, symboles du glamour, ces actrices censées nous faire rêver, à venir affubler d'un sac de pommes de terre, d'une robe de bure. Bon stop, c'est quoi cette nouvelle course délirante à la pruderie ? C'est quoi ce festival de tartuffes et de faux dévots ?

C'est grotesque. Je comprends le mannequin Heidi Klum qui a débarqué, un rien provocante, avec une impressionnante robe florale dotée d'une traîne qui s'étendait sur plus de 2 mètres. J'ai adoré ce bras d'honneur réalisé avec beaucoup de panache.

Aux nouveaux codes de la pudibonderie et de la fausse modestie ambiante, par pitié, le monde d'aujourd'hui est suffisamment rude, les perspectives à l'international suffisamment angoissantes pour qu'on nous laisse rêver devant des actrices bien habillées, se baladant une clope à la main et buvant quelques bulles de champagne. Et promis, promis, promis, dès la fin du festival, vous pourrez nous bassiner à nouveau avec la modération.

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