Gérard, sur langue@rtl.fr, "s’insurge contre ceux (et celles) qui négligent de tenir compte des accents circonflexes sur des mots comme 'Rhône', 'Côte d'Azur' ou qui prononcent de la même manière les mots 'fée', 'secret' (secré) au lieu de secrè, une haie (hé) au lieu de hè, une bouteille de lait (une bouteille de lé) au lieu d’une bouteille de lè, etc."
Sur la Côte d’Azur, on prononce "cotte d’Azur" et on boit du "lé". C’est vrai, cette prononciation ne correspond pas à celle de ce qu’on appelle le français standard, qui est indiquée en phonétique dans les dictionnaires, mais on ne va quand même pas interdire l’accent de Marcel Pagnol, même s’il n’est pas des plus circonflexes, et obliger tout le monde à parler avec l’accent parisien, peuchère. Les accents régionaux et les régionalismes, les expressions typiques d’une région, comme "peuchère", relèvent de l’identité des terroirs, et en plus ce sont des petites perles qui participent à la saveur des voyages, des rencontres et des vacances !
Mathieu Avanzi a publié chez Armand Colin un passionnant Atlas du français de nos régions où il répertorie la répartition géographique des différents accents dans l’Hexagone. On remarque peu d’écarts en matière de consonnes, même si dans le Sud-Ouest, on dit "moinS" au lieu de moins tandis que dans l’Est on dit "vingT" au lieu de vingt. Les différences portent surtout sur les voyelles, plus ou moins ouvertes, selon la latitude et la longitude. Par exemple, les dictionnaires disent qu’on doit prononcer "poulet", ce qui n’empêche pas la plus grande partie du pays de se régaler de "poulé".
Ce ne sont pas que les gens du Sud qui prononcent "poulé". Le grand est, le grand ouest et l’île de France sont les seuls à parler de "poulet". Quand il s’agit des voyelles un ou in, c’est bien le Sud qui prononce le plus clairement, car dans le Nord on ne différencie pas entre un "beau brun ténébreux" et un "beau brin d’herbe". C’est drôlement plus pratique pour les dictées. En revanche, dans le Midi on prononce peuneu au lieu de pneu, et là, c’est sacrément trompeur.
Dans l'écrit, il ne s’agit plus d’accent. Dans le Nord, par exemple, on dit parfois "je ne sais pas lire sans lunettes" au lieu de "je ne peux pas lire sans lunettes", dans le Sud "j’ai tombé mon téléphone" au lieu de "je l’ai fait tomber", ou "ça pègue" pour "ça colle", "rouméguer" pour "rouspéter"… Alors oui, on évite les régionalismes dans les dissertations ou les CV, mais sinon, interdit de les interdire, ils sont si jolis.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.