Parlons des accords de ce qu’on appelle les 'collectifs'. Comme dans la phrase : "Une marée de jonquilles envahissent les pelouses". Elle est l’œuvre de Michel Déon, tirée de son célèbre roman Un taxi mauve, que je viens de terminer, et qui a été Grand Prix du roman de l’Académie française en 1973. Pourtant, c’est cette phrase qui m’a donné l’envie de vous parler de ce sujet. Si j’avais été Michel Déon j’aurais écrit : "Une marée de jonquilles envahit les pelouses" - et non envahissent, comme lui.
Pourtant Michel Déon ne fait pas de fautes. C’est bien ce qui rend ces accords de collectifs intéressants. Les "collectifs" sont des sujets au singulier qui représentent une réalité plurielle. Comme "une foule", "la majorité, "la totalité", ou ici "une marée de quelque chose". Quand le collectif est employé seul, c’est simple, le verbe est au singulier : "la marée envahit la plage", "la majorité a gagné l’élection". Mais quand il est suivi d’un complément du nom au pluriel, comme dans le cas de "la marée de jonquilles", on a le choix d’accorder le verbe au singulier ou au pluriel, selon le sens que l’on désire lui donner. Moi, je vois l’image de la marée un peu comme une vague, c’est pourquoi je l’aurais écrit au singulier, mais Michel Déon voit les choses autrement, et c’est lui l’auteur.
Donc c’est son droit ! Contrairement à ce que croient bon nombre d’amis des mots. Sur langue@rtl.fr, coïncidence, peut-être, une foule de questions m’a ou m’ont été posée/s cette semaine sur ce sujet. Stéphanie et Françoise, par exemple, s’agacent d’entendre "une dizaine de pompiers ont lutté contre l’incendie" ou "une centaine de personnes ont défilé dans la rue". Eh bien nous allons les délivrer de leur agacement. C’est très bien expliqué sur un site formidable qui s’appelle la "Banque de dépannage linguistique".
"Lorsque le sujet d’un verbe est un collectif numéral comme dizaine, douzaine ou centaine, l’accord du verbe dépend du sens que l’on donne à ce collectif et de la façon dont on se représente le sujet. Et l’on accorde habituellement le verbe au pluriel."
Et il donne les exemples : "Une douzaine de chiots sont nés ce matin. Parmi les habitants du village bombardé, une centaine ont succombé." En revanche, on dira : "la douzaine d’œufs se vend – et non se vendent – 4 euros". C’est là que l'on voit que c’est bien une question de sens. Voilà. L’accord des collectifs, c'est une question de bon sens.
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