INVITÉE RTL - Nina Bouraoui : "L'écriture m'a apaisée, je n'étais pas dans le bon corps"

Nina Bouraoui continue de forger une œuvre singulière. Ses livres explorent les thèmes de l'identité, de la sexualité et de la quête de soi. La romancière franco-algérienne a remporté plusieurs prix littéraires, tels que le Prix Renaudot en 2005 pour Mes mauvaises pensées. Bouraoui est reconnue pour sa prose poétique et son engagement.
Confrontée à la douleur lors du décès de son père, Nina Bouraoui se réfugie dans l'écriture de son dernier livre, Grand Seigneur. De Paris à Alger, elle ravive les souvenirs, décrivant un art de vivre, d'aimer et d'observer.

Son récit poignant évoque la vie romanesque d'un homme noble, explorant les mystères qu'il emporte. Un ouvrage disponible aux éditions JC Lattès. 

Pour moi, l'écriture c'était les hommes"

Nina Bouraoui

Exercer le métier de romancière n'a pas toujours été une évidence pour Nina Bouraoui : "L'écriture m'a apaisée. J'étais en colère parce que je n'étais pas dans le bon corps. Je n'étais pas dans la bonne identité. J'avais un côté assez misogyne. Pour moi, l'écriture, c'étaient les hommes, c'était la force, parce que mon père écrivait beaucoup. On le retrouvait à 5 heures du matin, endormi, avec tous ses mégots, ses stylos... Et donc pour moi, c'était ça la force, c'était écrire, c'était la force de l'homme", explique-t-elle.

Et d'ajouter : "Après je me suis rendue compte qu'écrire était la liberté. Et écrire était peut-être aussi le devoir de la femme pour justement parler des femmes, parler de la féminité et parler aussi de toutes les fragilités. J'ai beaucoup parlé de métissage et aussi d'homosexualité."

Quel est son processus d'écriture ? "Je livre une écriture toujours très en retard, ce qui stresse beaucoup mes éditrices, mais elles me font confiance parce qu'en fait, le livre est en moi. Mais tant que l'écriture n'est pas là, tant que je n'ai pas la voix, pas le son, pas la grâce, j'attends. L'écriture est une affaire de sonorité, je l'entends, mais je n'arrive pas à l'écrire. Et soudain, lorsqu'il y a une acceptation, une libération, je me lance dans l'écriture et là, elle est souvent pleine de grâce et il y a très peu de corrections", ajoute-t-elle.

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