INVITÉE RTL - Juliette Adam : "Tout le monde a développé une anxiété, une peur de l'avenir"

Elle s'appelle Juliette Adam, un nom bien connu en littérature. c'est celui de son papa Olivier Adam, à qui on doit au rayon adulte des succès de librairie comme Je vais bien, ne t'en fais pas (1999) adapté au cinéma en 2006 par Philippe Lioret, prix RTL-lire en 2009 avec Des vents contraires.

Et puis une maman romancière également Karine Reysset à qui on doit Comme une mère qui avait donné lieu à une très jolie fiction avec Anne Parillaud à la télé sous le titre Maman est folle. Et voici donc dans la famille Adam, Juliette, 21 ans baignée depuis toute petite dans les livres, mais sans pression parentale.

"Je pense que on m'a plus donné le goût des mots et des histoires plutôt que le goût de l'écriture. Le goût de l'écriture, c'est venu plus tard. C'est venu avec une prof de français au collège, en quatrième et troisième, confie l'autrice à RTL. Ma prof de français nous donnait tous les mois une grosse rédaction à faire. Alors tout à coup, on devait se mettre dans la peau d'un poilu de 14-18. Tout d'un coup, on devait écrire une nouvelle épique. Tout à coup, une lettre. Et donc en fait, ça m'a permis de m'entraîner à faire différents styles et je me suis rendu compte que je m'enfermais, mais pendant tout un week-end, à écrire des nouvelles de douze pages juste pour un devoir. Et en fait, c'est là que je me suis rendu compte que c'était l'éclate l'écriture ! Ce qui est bien avec ces rédactions, c'est que ça m'a appris à écrire et montrer d'abord montrer aux professeurs. Et puis petit à petit, montrer à la famille montrer aux amis et donc, et puis plus tard, montrer à un éditeur." 

Un premier roman à l'âge de 18 ans

L'éditeur, le premier, ce sera Fayard. À l'âge de 18 ans elle publie son premier roman au rayon adultes Tout va me manquer, suivront Nos mains dans la nuit, et un premier album jeunesse Tournesol. Tout cela ça donne un peu le vertige quand vous vous dites que ces romans-là existaient dans sa tête à l'âge de 15-16 ans.

"Ce qui marrant, c'est que j'ai plus pris conscience de tout ça avec mon deuxième roman. Pour mon premier roman, explique Juliette Adam, j'ai signé le contrat à 17 ans. J'étais pris un peu dans le tourbillon et je ne me rendais pas forcément compte que ça y est il était publié. J'ai fait mes premiers salons sous Covid. Donc je pense qu'il y avait un côté assez irréel dans tout ça. Je pense qu'il n'y a pas d'âge pour commencer à écrire et il se trouve que moi j'étais pressée. Mais je ne me suis jamais dit que parce que j'étais jeune, je devais plus ou moins faire mes preuves. J'ai essayé de ne pas penser à ça spécialement."

D'autres enfants ont ainsi marché dans les pas professionnels de leurs parents. Si on remonte très loin on pourrait citer Alexandre Dumas fils, plus proche de nous : Yann Quéffelec, fils de l'écrivain breton Henri Quéffelec, Justine Levy la fille de Bernard-Henri Lévy et Sybille Lacan, fille de Jacques Lacan.

Qu'est-ce que je peux apporter aux autres ?

Juliette Adam

"Je pense qu'il ne faut pas chercher spécialement l'originalité pour l'originalité, explique Juliette Adam. Je pense qu'il faut être fidèle à son projet, fidèle à soi. Et puis se dire moi 'qu'est-ce que j'ai envie de raconter comme histoire', 'qu'est-ce que je peux apporter aux autres ?', 'Quel regard ai-je que les autres n'ont pas ?' Et ne pas essayer de se trahir soi-même et juste être soi dans l'écriture."

Juliette Adam publie donc son troisième roman, au rayon "young adult" (entre la jeunesse et les adultes), intitulé Vers les lueurs. Un roman plein d'espoir mettant en scène des ados qui vont apprendre à se reconstruire ensemble. 

Vers les lueurs titre emprunté au poète chanteur Dominique A (c'était le titre d'un de ses albums). Ce roman met en scène cinq ados, cinq "cassés de la vie" qu'une jeune psy prénommée Aïcha décide de réunir, loin du bruit. À la campagne. Voici donc Leo, Alice, Stéphan, Camille et Sarah dont on ne sait rien sinon que ce sont des ados brisés, "au lourd passé". Toutes et tous doivent se reconstruire. Et si Aïcha était leur dernière chance ? Elle qui consigne tout dans des carnets, les progrès, les reculs, et sous les yeux de qui un groupe se forme. "L'union fait la force". 

Juliette Adam a créé un roman chorale, avec un style d'écriture pour chaque personnage (joli tour de force !) : "Au début, c'était assez uniforme, explique-t-elle. Je me concentrais plus sur leur personnalité. Elle était marquée. Et puis je me suis dit mais en fait, leur voix n'est pas assez différente. Camille par exemple, est celle qui m'a donné le plus de fil à retordre parce qu'elle a sept ans. Et donc comment on fait pour s'exprimer quand on a sept ans dans un roman Young adult ? J'ai trouvé un peu la voie en écrivant mes albums jeunesse. J'ai capté quelque chose. Stéphane,  parle avec une certaine forme d'oralité qui me plaît bien. Et puis, par exemple, Sarah s'exprime en vers libre, au début, elle ne s'exprimait pas du tout en vers libre. En fait, je me suis dit c'est le personnage qui est le plus brisé. Et donc il faut que sa narration soit brisée elle aussi. D'où le fait qu'il y a toujours ces retours à la ligne. Et pour Aïcha, (c'est la psychologue qui accueille les cinq ados), elle écrit sous forme de carnet de notes. Alors, pour écrire ces parties là, j'ai écrit moi-même dans un carnet de notes pour essayer de  me plonger un peu dans sa tête et sa manière de travailler".

Vers les lueurs est aussi un roman qui raconte la jeunesse d'aujourd'hui, bien plus angoissée que nous pouvions l'être nous dans les années 80. C'est aussi ça que raconte dans ce roman Juliette Adam, cette jeunesse sur qui nous faisons peser tant d'angoisses et de maux.

"En tout cas, ajoute Juliette Adam, tout autour de moi après le Covid, ça a été une hécatombe. Je ne connais personne qui n'a pas vu de psy depuis le Covid. Donc à un moment donné, c'est qu'il y a peut-être un problème si tout le monde va avoir un psy et que tout le monde a développé de la détestation de soi, de l'anxiété sociale, de la peur des autres, de la peur de l'avenir, etc. Et je vois ça tout autour de moi alors que c'était pas le cas avant. Et je pense que vraiment il y a quelque chose à creuser en fait avec notre génération."

Vers les lueurs est un roman qui redonne espoir. Il est publié chez Flammarion.  

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

Je créé mon compte Se connecter

S’abonner à la Newsletter RTL Info