Il va avoir droit à son bandeau rouge "Goncourt 2021" pour attirer les yeux dans toutes les librairies du pays. La garantie que son livre se trouvera sous les sapins de nombreux lecteurs à Noël. Le jeune écrivain Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a été sacré à 31 ans pour La plus secrète mémoire des hommes (aux éditions Philippe Rey). "Ça s'est fait au premier tour. C'est écrit de façon flamboyante. C'est un hymne à la littérature", a souligné Paule Constant, membre du jury. Mohamed Mbougar Sarr succède à Hervé Le Tellier, dont le roman L'Anomalie avait été primé l'année dernière. Un prix qui a créé un tsunami dans les librairies.
Que raconte donc ce roman La plus secrète mémoire des hommes ? Le livre s'inspire du destin maudit de l'écrivain malien Yambo Ouologuem. En 1968, Yambo Ouologuem a écrit son premier livre, Le Devoir de violence après des études brillantes qui le menèrent sur les bancs du lycée Henri-IV et de l'École Normale Supérieure. Le succès est instantané et il reçoit le prix Renaudot la même année, devenant alors le premier romancier africain à recevoir cette distinction. Le livre est critiqué, accusé de plagiat, réhabilité, critiqué encore... Une succession de controverses qui incita son auteur à prendre ses distances avec la scène intellectuelle française pour disparaître. Là est le mystère que notre nouveau Goncourt tente de recréer.
Les parallèles avec le parcours de Mohamed Mbougar Sarr, qui vient d'être sacré avec le Goncourt sont nombreux. C'est ce jeu de miroirs réfléchissants qui finit par créer un kaléidoscope fascinant qui mêle la réalité historique, contemporaine et la fiction. Dans La plus secrète mémoire des hommes Mohamed Mbougar Sarr met beaucoup de lui puisqu'il a fait le choix de se créer un double littéraire pour raconter cette histoire qui parle de littérature, du Sénégal, de la France, du colonialisme, de l'exil...
"En 2018, Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais, découvre à Paris un livre mythique, paru en 1938 : Le labyrinthe de l’inhumain. On a perdu la trace de son auteur, qualifié en son temps de 'Rimbaud nègre', depuis le scandale que déclencha la parution de son texte. Diégane s’engage alors, fasciné, sur la piste du mystérieux T.C. Elimane, se confrontant aux grandes tragédies que sont le colonialisme ou la Shoah. Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, quelle vérité l’attend au centre de ce labyrinthe ?, raconte la quatrième de couverture du roman. Sans jamais perdre le fil de cette quête qui l’accapare, Diégane, à Paris, fréquente un groupe de jeunes auteurs africains : tous s’observent, discutent, boivent, font beaucoup l’amour, et s’interrogent sur la nécessité de la création à partir de l’exil. Il va surtout s’attacher à deux femmes : la sulfureuse Siga, détentrice de secrets, et la fugace photojournaliste Aïda…"
"D’une perpétuelle inventivité, La plus secrète mémoire des hommes est un roman étourdissant, promet l'éditeur Philippe Rey, dominé par l’exigence du choix entre l’écriture et la vie, ou encore par le désir de dépasser la question du face-à-face entre Afrique et Occident. Il est surtout un chant d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel".
Le livre mêle enquête, témoignages et devient un récit initiatique à travers le temps et les continents. "Dans cette construction borgésienne qui a quelque chose d’une enquête policière, récits et témoignages se tissent et s’enchevêtrent, laissant le narrateur et le lecteur cerner ensemble un peu mieux, au fil de conjectures bientôt démenties et d’interprétations flottantes, le fantôme d’Elimane. Les femmes qui l’ont aimé, les amis qui l’ont connu, lui et ses proches, ses écrits eux-mêmes dressent de lui un portrait ambigu, parcellaire, composé de 'biographèmes' successifs", note Le Monde dans sa critique de ce roman dont la qualité de la langue et le souffle ont marqué la rentrée littéraire.
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