Hervé Le Tellier vient d'être sacré avec son roman L'Anomalie (Gallimard) en recevant le prestigieux prix Goncourt ce 30 novembre 2020. Nous avions rencontré l'auteur dans Laissez-vous tenter quelques semaines avant le grand jour pour évoquer ce nouveau roman dont l'intrigue pourrait bien intéresser le cinéma ou la télévision...
Tout est anomalie avec cet étonnant roman qui était aussi considéré par les jurys du Renaudot et du Médicis, et plus encore parce que sous la prestigieuse et très littéraire couverture blanche des éditions Gallimard, L'Anomalie ressemble à un scénario de science-fiction.
Un jour de juin un Boeing d'Air France qui vient de traverser de terribles turbulences se voit refuser l'atterrissage à Kennedy Airport et contraint de se poser sur une base militaire où l'équipage et les passagers sont retenus par les services secrets américains. Pourquoi ? Trois mois plus tôt, en mars, et toujours après d'énormes turbulences, le même avion avec le même équipage, les mêmes passagers s'était posé à New York. Alors d'où vient cette réplique parfaite du premier vol et de ses occupants persuadés d'être en mars ? Mystère et branle-bas de combat sur toute la planète. Une hypothèse de duplication qui pourrait devenir réalité d'après Hervé Le Tellier.
"On sait qu'il existe la loi de Moore qui fait que tous les deux ans les systèmes informatiques doublent leur puissance, leur capacité, leur vitesse, explique l'auteur. Mon téléphone portable a la puissance de calcul d'un supercalculateur des années 80. Dans un siècle on pourra simuler un cerveau humain. Puis un siècle après, des milliards de cerveaux humains... Et là, on se pose la question de savoir si nous sommes des cerveaux humains dans des enveloppes physiques ou juste si nous sommes dans un supercalculateur."
Avec son roman L'Anomalie, Hervé Le Tellier joue avec ces questions métaphysiques, il va jouer aussi et surtout avec les vies et les destins de plusieurs des passagers de son avion mystérieux. "J'avais vraiment envie de traiter beaucoup de personnages simultanément", reconnaît l'écrivain.
Le plus extraordinaire advient quand pour les besoins de l'enquête sur l'avion mystère, les passagers du vol du mois de mars, surnommés les "March" par le FBI, sont confrontés à leurs doubles du vol du mois de juin, les "June". Le roman devient alors pluriel, vertigineux et selon les situations, troublant, émouvant voire teinté d'humour.
"Il y a le tueur à gage qui rencontre son double lui aussi tueur à gage, s'amuse l'écrivain. Que peut-il fa