C'est un album tout en rimes, qui raconte la vie d'Alexandrin, ça ne s'invente pas, un poète clochard. Pascal Rabaté en a connu un, qui a sonné à sa porte, il y a quelques années et dont il a gardé deux poèmes. Il a attendu près de 20 ans avant d'imaginer l'histoire d'Alexandrin de Vanneville, poète des campagnes et des villes, qui survit en proposant sa poésie de porte en porte.
Alexandrin ne s'exprime donc qu'en alexandrin. Il croise sur son chemin le jeune Kévin, un petit garçon fugueur, à qui il va donner le goût de la poésie à travers quelques aventures urbaines et rurales.
L'une des moralités de l'album est que la beauté existe dans l'oeil de celui qui regarde. c'est un album très subtil sur la marginalité sociale. Dans le cas d’Alexandrin, c’est la poésie qui le maintient dans la dignité. Penser en rime, c’est ce qu'il a trouvé pour éviter de sombrer dans la déprime et dans la complète déchéance physique. Il a fait de sa liberté un contrat à durée indéterminée avec un employeur impitoyable : le temps.
Le petit Kevin va se prendre d’amitié pour ce clochard céleste. Ils feront un bout de chemin ensemble. Alexandrin devient, le temps d’une fugue, son protecteur, et son maître en liberté. Il va lui apprendre les petites combines nécessaire à la survie dans ce milieu hostile qu’est la grande ville. Comment ruser pour économiser quelques centimes, comment relativiser sa révolte, comment laver les habits qu'on porte, les seuls qu’on possède, sans se faire embarquer pour atteinte à la pudeur !
Si on prend du plaisir à lire Alexandrin ou L'art de faire des vers à pied, de Pascal Rabaté, chez Futuropolis, c’est aussi parce qu’il est merveilleusement dessiné par Alain Kokor. Un trait intemporel, sans esbroufe, qui donne beaucoup d'élégance et de poésie à cette bande dessinée RTL de la rentrée.
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