Tout avait bien commencé, puis tout s'est écroulé. En trois semaines, le géant coréen de l'électronique grand public Samsung a dû ravaler son ambition d'enterrer Apple pour encaisser l'un des plus grands revers commerciaux de l'histoire de la téléphonie mobile. Le 2 août, le fabricant coréen lançait le Note 7, la version phablette (à mi-chemin entre un téléphone et une tablette) du Galaxy S7, le smartphone qui l'avait replacé sur le terrain de la croissance dans le mobile après sept trimestres consécutifs de vaches maigres. L'occasion d'éclipser la sortie de l'iPhone 7 prévue un mois plus tard. Salué par la presse, le Note 7 connaît un succès immédiat. Samsung est contraint d'accélérer le rythme de sa production pour satisfaire la demande et s'épargner une pénurie comme au lancement du Galaxy S6 Edge.
Le 19 août, le téléphone est mis en vente aux États-Unis et en Corée du Sud. Cinq jours plus tard, des utilisateurs se plaignent sur le réseau social chinois Baidu que la batterie lithium-ion de leur Note 7 avait pris feu lorsque l'appareil était en charge. Les photos et vidéos diffusées par les clients dépités laissent peu de place au doute. Samsung mène l'enquête et reconnaît un défaut de fabrication qui concerne moins de 0.1% des appareils en circulation. Les ventes sont suspendues le jour du lancement européen et le groupe organise le rappel des 2,5 millions d'appareils déjà essaimés à travers la planète. Une initiative inédite pour un fabricant de smartphones, dont la célérité à réagir est saluée par les observateurs. Un programme d'échange est mis en place. Coût de l'opération, plus d'un milliard d'euros.
L'onde de choc ne tarde pas. De nombreuses compagnies aériennes et les autorités de sécurité aérienne de plusieurs pays interdisent le Note 7 en vol. La commission américaine de protection des consommateurs appelle à cesser de l'utiliser. Sur la toile, les photos de Note 7 carbonisés se multiplient. Les rumeurs aussi, à l'instar de celle indiquant que Samsung pouvait désactiver les appareils à distance. Lundi, le cours de l'action du groupe clôturait en baisse de 7%, soit une perte de 25 milliards de dollars en moins de deux semaines. Le coup est terrible pour Samsung, qui, outre la concurrence d'Apple, doit composer avec celle des fabricants asiatiques dans le mobile, qui pèse pour près de la moitié du chiffre d'affaires du groupe.
À la relance, Samsung s'est offert mercredi une demi-page dans l'un des plus grands quotidiens sud-coréens pour annoncer le déploiement d'une mise à jour du système d'exploitation du Galaxy Note 7 qui limitera la capacité de recharge de sa batterie à 60% et réduira le risque de surchauffe. Le porte-étendard de la gamme Galaxy est déclassé. "Nous donnons la priorité à la sécurité du consommateur, mais nous présentons nos excuses pour les désagréments", se confond le premier fabricant mondial de smartphone. Cette mise à jour se fera automatiquement le 20 septembre. La veille, Samsung aura en théorie commencé à remplacer les Galaxy Note 7.
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