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Pourquoi Apple ouvre les portes de son écosystème aux développeurs extérieurs

ÉCLAIRAGE - Célèbre pour ses logiciels fermés, Apple s'est enfin décidé à permettre aux créateurs d'applications d'exploiter des fonctions de l'iPhone qui leur étaient proscrites.

Tim Cook à l'ouverture de la WWDC 2016 au Bill Graham Civic Auditorium de San Francisco
Tim Cook à l'ouverture de la WWDC 2016 au Bill Graham Civic Auditorium de San Francisco
Crédit : AFP
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Benjamin Hue

Lundi 13 juin, lors de la conférence d'ouverture de la Worldwide Developers Conference à San Francisco, la plus grande annonce ne résidait pas tant dans la foule de nouveaux outils dévoilés par Apple pour l'iPhone que dans le pas effectué par la société américaine en direction des développeurs extérieurs. Pour la première fois de son histoire de concepteur de logiciels, le groupe informatique californien s'aventure hors des murs qui verrouillaient jusqu'à présent son écosystème.

La marque à la pomme s'est enfin décidée à ouvrir un certain nombre de ses services aux développeurs tiers, comme ces derniers le réclamaient depuis longtemps. Les créateurs d'application pourront désormais interagir avec plusieurs applications clés d'iOS et exploiter des fonctions de l'iPhone qui leur étaient interdites.

Libérer Siri pour refaire son retard dans l'intelligence artificielle

Cette ouverture sera effective cet automne avec le lancement d'iOS 10, la prochaine version du système d'exploitation mobile d'Apple. Les développeurs pourront proposer leurs services à travers Siri, Message et Plans et créer de nouvelles expériences en les reliant à d'autres applications. La liste des demandes prises en charge par l'assistant devrait naturellement s'allonger dans les prochaines semaines. Il sera par exemple possible de commander un VTC chez Uber via une commande vocale de Siri et de réserver une table au sein d'un restaurant via Plans. 

Cette volonté d'Apple de s'appuyer davantage sur son importante communauté de développeurs intervient au moment où ses concurrents les courtisent en déployant des plateformes attractives visant à développer les ressources de l'intelligence artificielle sur les terminaux mobiles. Le jeu en vaut la chandelle. D'après le cabinet Deloitte, le marché devrait représenter 50 milliards de dollars en 2020 rien que pour les États-Unis.

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Racheté au Stanford Research Institute, Siri a conféré un net avantage commercial à Apple sur ce terrain à la sortie de l'iPhone 4S. Cette avance s'est dilapidée face à la concurrence de plus en plus vive des assistants virtuels de Microsoft (Cortana), Amazon (Alexa) et Google (Now puis Assistant) qui sont ouverts aux éditeurs extérieurs. Lancé l'an dernier, Alexa est par exemple déjà intégré à plus de 1.000 services tiers. 

De la même manière qu'elle implique un arbitrage entre l'analyse des données et la confidentialité des échanges, l'intégration de l'intelligence artificielle dans un système d'exploitation nécessite son ouverture à d'autres entreprises. Pour refaire son retard, Apple n'a pas seulement ouvert la porte aux concepteurs d'applications. Il a également intégré Siri à ses gammes d'ordinateurs pour couvrir désormais les cinq catégories principales de produits de la marque.

Diversifier les sources de revenus face au recul de l'iPhone

Un tel changement de cap était nécessaire. Apple a enregistré en avril un recul des ventes de l'iPhone pour la première fois de son histoire. Pour rebondir face à ces résultats décevants, le groupe cherche à se diversifier dans les services, une de ses branches les plus dynamiques. Au dernier trimestre, le chiffre d'affaires de l'App Store, d'Apple Music, d'iCloud et d'Apple Pay a augmenté de 20% par rapport à la même période en 2015. Même si les marges réalisées avec ces services sont moins importantes que celles dégagées par l'iPhone et l'iPad, ils ont permis à Apple de réaliser quasiment 20 milliards de dollars de bénéfices l'an passé et pèsent désormais davantage que les Mac dans ses revenus.

L'App Store occupe une place essentielle au sein de cet ensemble. La boutique en ligne héberge désormais 2 millions d'applications pour un total de 130 milliards de téléchargements. Mais des études ont récemment témoigné d'une baisse des téléchargements aux États-Unis et observé que la plupart des possesseurs d'iPhone ne téléchargent plus d'applications une fois qu'ils disposent de celles dont ils ont besoin dans leur téléphone. Pour redonner un coup de fouet à sa boutique en ligne, Apple donne des gages aux développeurs. Le groupe a annoncé de nouveaux systèmes de monétisation via la publicité et un modèle d'abonnement assorti d'un partage plus intéressant des revenus de l'App Store. Des avancées auxquelles s'ajoute désormais la possibilité de proposer leurs services via Siri, Message et Plans.

Appelés à devenir des plateformes à part entière, Siri, Plans et Message sont voués à assurer une nouvelle source de revenus à Apple. Message va intégrer de nouvelles fonctionnalités divertissantes sur le modèle de Snapchat et tirer profit de l'intelligence artificielle pour introduire des transactions plus complexes et devenir une plaque tournante pour les chatbots des entreprises à la manière de Facebook Messenger. Utilisé plus souvent que Google Maps par les possesseurs d'iPhone, Plans va permettre à Apple de monétiser les requêtes de localisation, souvent liées à une intention d'achat, en permettant aux applications tierces de suggérer leurs services en fonction du contexte.

Une ouverture contrôlée

Pour ne pas voir Google, Facebook, Amazon ou un autre concurrent prendre pied au sein d'iOS en colonisant certaines fonctions de l'Iphone, Apple a volontairement limité son ouverture aux éditeurs tiers. L'entreprise a indiqué aux développeurs quelles applications seront autorisées à interagir avec Siri et Plans. Seules les applications d'appel audio et vidéo, de messagerie, de paiement, de recherche et de réservation de voiture pourront fonctionner avec l'assistant virtuel et seuls les services de réservation de course et de restaurant auront accès à Plans. De la même manière, iOS 10 permettra de supprimer la plupart des applications préinstallées par Apple sur l'iPhone. Mais Message, Safari, l'App Store, l'appareil photo, l'horloge et le portefeuille seront épargnés. Et Apple ne permettra pas plus qu'auparavant de choisir d'autres applications par défaut que les siennes pour effectuer certaines actions.

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