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VIDÉO - Emma Sulkowicz a transporté un matelas pendant un an parce que son violeur présumé n'a pas été renvoyé de son université

En septembre dernier, Emma Sulkowicz a commencé à porter un matelas partout avec elle à l'Université de Columbia, en symbole de sa souffrance face au viol qu'elle aurait subi sur le campus.

Morgane Giuliani

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Mardi 19 mai 2015, la prestigieuse Université de Columbia, en plein coeur de New-York, donne son habituelle cérémonie de fin d'études avec lancer de chapeaux, capes colorées et félicitations en personne par le directeur. Ce dernier tourne la tête au moment où une jeune diplômée se présente à lui. Il s'agit d'Emma Sulkowicz. Les cheveux courts et verts, elle se distingue surtout par le matelas qu'elle porte à bout de bras, aidée par quatre amies. La foule l'applaudit à tout rompre.

Ce jour de fête marque la fin d'une année où Emma a transporté ce matelas entre ses cours. Il symbolise le poids qu'elle a ressenti depuis le viol qu'elle aurait subi en 2012 sur le campus

Le matelas, symbole de sa souffrance

"Le premier jour de ma deuxième année d'étude, j'ai été violée par un de mes camarades", affirme la jeune femme en mai 2014 à Time Magazine. "Je ne l'ai pas signalé dans un premier temps, parce que c'est un gros traumatisme émotionnel, et je ne me sentais pas capable de le gérer. Puis j'ai rencontré deux autres femmes qui ont été agressées par le même homme." Ces deux dernières ont souhaité rester anonymes. 

Face à ces deux cas, Emma Sulkowicz trouve le courage d'en parler à l'administration de Columbia. Mais l'étudiante en art visuel fait face à un mur : "L'école a trouvé le moyen de faire tomber à l'eau les trois cas, séparément", affirme-t-elle à Time. En clair, son témoignage a été mal retranscrit par les membres de l'administration, retirant toute crédibilité à son cas. 

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En septembre 2014, Emma débute "Carry This Weight" ("Porter ce poids"), un projet artistique et protestataire où elle prévoie de transporter son matelas sur le campus, jusqu'à ce que son agresseur présumé soit renvoyé. Son objectif ? Symboliser sa souffrance et faire en sorte que cette affaire ne soit pas oubliée. Emma en a également fait son projet d'études, récompensé par deux prix artistiques. 

Emma, aidée par trois étrangers en septembre 2014

Crédit : Andrew Burton / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Un mouvement de solidarité national

Accompagnée de 22 étudiants, la jeune femme a par ailleurs lancé une plainte au niveau national, accusant l'université d'avoir mal géré les cas de viols qui ont eu lieu entre ses murs, d'être "trop indulgente envers les responsables et de décourager les victimes de porter plainte". En janvier, Emma a été invitée à assister au discours de début d'année donné par Barack Obama

Son cas a fait réagir beaucoup d'étudiants de Columbia, qui ont manifesté à plusieurs reprises. À la remise des diplômes, certains ont mis du scotch rouge sur leur chapeau bleu, rappelant leur engagement. En octobre 2014, des élèves de plus de cent campus différents ont même transporté des matelas, en soutien aux victimes d'agression sexuelle sur les campus. Le projet "Carry That Weight" a sa propre page Wikipedia.

Des étudiants protestent contre les viols qui sévissent sur les campus américains

Crédit : Capture d'écran/Facebook

Malgré l'attention médiatique portée à l'affaire, l'agresseur présumé d'Emma a poursuivi ses études à Columbia. Il a pris la parole dans quelques interviews pour clâmer son innocence. En avril, il a porté plainte contre l'université, lui reprochant de ne pas l'avoir protégé des réactions violentes. 

Le directeur aurait ignoré Emma lors de sa remise de diplôme

"À cause de l'administration, je serai obligée d'être assise sur les mêmes gradins que mon violeur, qui est un violeur en série, par-dessus le marché. Il aura reçu la même éducation que moi. Je me sentirai extrêmement mal le jour de ma remise de diplôme", disait Emma Sulkowicz à Time Magazine en 2014.

Le 19 mai, jour-J, le directeur de l'Université de Columbia "a tourné la tête au moment où elle est passée devant lui, manquant de lui serrer la main", rapporte un journaliste du New-York Times sur place. On peut le voir dans la vidéo publiée au début de ce papier. 

"J'ai essayé de lui sourire ou de le regarder dans les yeux, mais il a fait volte-face", rapporte Emma. "C'était surprenant, parce que je croyais qu'il était obligé de serrer la main de tout le monde." Une porte-parole de l'université a affirmé qu'aucun "affront" n'a été voulu.  

J'ai rendu mon histoire publique parce que je voulais montrer au monde à quel point la manière dont les universités prennent en charge les cas de viol est défectueuse.

Emma Sulkowicz

Le problème du viol sur les campus américains

"J'ai rendu mon histoire publique parce que je voulais montrer au monde à quel point la manière dont les universités prennent en charge les cas de viol est défectueuse", explique Emma Sulkowicz.

Aux États-Unis, la culture du viol et le secret qui va avec sont encore très répandus sur les campus universitaires, et des affaires font régulièrement la Une. La plupart du temps, les établissements jugent les cas d'agression sexuelle par un jury interne, pour éviter d'avoir une mauvaise publicité. Découragées par ce système, de nombreuses victimes n'osent pas porter plainte.

Plusieurs campagnes de sensibilisation ont été menées sur le sujet. La plus récente est "It's On Us" ("C'est à nous de s'en charger"), lancée par Barack Obama en septembre 2014. Le président américain déclare : "Vous n'êtes pas seules à mener ce combat. Il revient à chacun d'entre nous de se battre contre les agressions sexuelles sur les campus." À la suite du cas d'Emma, l'université de Columbia a mis en place des ateliers dédiés au dialogue sur le consentement sexuel.

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