Nos adolescents sont-ils devenus accros au porno ? Une enquête inédite menée auprès des 14-24 ans, notamment par la Fondation pour l'innovation politique, révèle que 9% des jeunes regardent du porno tous les jours... et 15% des 14-17 ans, au moins une fois par semaine. Alors que seulement 7% des parents pensent que leur enfant regarde du porno au moins une fois par semaine.
Selon le docteur Laurent Karila, psychiatre à l'hôpital Paul-Brousse à Villejuif, les parents doivent être acteurs au premier plan, même s'ils sont parfois pris au dépourvu par l'environnement numérique. "Les parents sont dépassés, ils ne maîtrisent rien. Mais il est important de dire aux adolescents que le porno peut être dangereux pour eux parce qu'ils ne sont pas prêts à comprendre ce à quoi ils sont exposés, qu'ils ne peuvent pas le reproduire", explique le psychiatre.
Il faut démystifier toute la pornographie
Laurent Karila, psychiatre
Pour le docteur, c'est d'abord à l'école qu'il faut en parler, et beaucoup plus tôt. "Il est important d'expliquer aux jeunes les risques de l'exposition à ces images. On sait que dès 8 ans, si les enfants sont exposés accidentellement à des images pornographiques, c'est comme s'ils subissaient un acte sadomasochiste", rappelle Laurent Karila.
Pour autant, la pornographie n'est pas à diaboliser selon le docteur, elle répond à des indicateurs de sexualité d'adolescent en pleine éducation sexuelle. "Certains jeunes peuvent penser qu'en regardant du porno, ils auront tous les modes d'emploi pour faire l'amour avec quelqu'un, ce qui est faux et ce qui déforme et martyrise l'image des corps. Il faut démystifier toute la pornographie", insiste Laurent Karila. Le psychiatre en appelle à l'intervention l'État et des industries du X pour limiter l'accès des plus jeunes aux sites pornographiques, pour qui le web n'a pas de secrets.