Serge Dassault visé par une plainte pour association de malfaiteurs
L'industriel est visé par une plainte pour associations de malfaiteurs, dans une affaire de soupçon d'achats de votes à Corbeil-Essonnes.
Une plainte pour association de malfaiteurs a été déposée contre Serge Dassault. Fatah Hou, un homme par ailleurs sur fond de soupçon d'achats de votes à Corbeil-Essonnes, est à l'origine de la plainte. Il reproche au sénateur UMP d'avoir pris part à un stratagème en vue d'organiser son arrestation et celle de deux autres hommes au Maroc, afin de les éloigner de Corbeil-Essonnes (Essonne).
Jean-Pierre Bechter, le successeur de Serge Dassault à la mairie, le responsable du service des sports de la ville et un diplomate marocain sont tous les trois également visés par cette plainte. Cette procédure vient s'ajouter à une enquête à Paris sur un système présumé d'achat de votes dans les quartiers sensibles de Corbeil-Essonnes, dont l'industriel a été le maire jusqu'en 2009.
Dans ce dossier, le bureau du Sénat doit se prononcer mercredi 8 janvier sur une demande de de Serge Dassault, qui ouvrirait la voie à une garde à vue. Le sénateur UMP avait par ailleurs été entendu en octobre en tant que témoin assisté sur la tentative d'assassinat de Fatah Hou le 19 février.
Empêcher le plaignant de révéler le système de corruption
Pour ces faits, Younès Bounouara, un quadragénaire présenté comme un relais de Serge Dassault dans les cités de Corbeil-Essonnes, a été écroué le 7 novembre après plusieurs mois de cavale. "Tout est orchestré depuis des semaines pour nous faire croire que MM. Dassault, Bechter et consorts sont victimes de petits voyous de banlieue. Mais la seule victime dans ce dossier est Fatah Hou qui restera handicapé à vie!", rétorque Me Dosé, l'avocat du plaignant. La plainte de vendredi trouve son origine dans des interceptions de conversations téléphoniques entre Jean-Pierre Bechter et son responsable des sports.
Ces écoutes démontrent que les quatre hommes visés avaient "mis en place un plan précis tendant à faire interpeller et incarcérer au Maroc (Fatah Hou), sous des prétextes fallacieux", pour l'empêcher "de révéler ce qu'il savait sur le degré de corruption" dans la ville. La plainte fait état d'un déjeuner le 14 février entre Serge Dassault, Jean-Pierre Bechter et un responsable de l'ambassade marocaine. "Quand ils vont arriver au Maroc, ils vont être surpris de l'accueil", dit ainsi l'actuel maire de Corbeil-Essonnes.
"Prévenir les familles"
Après sa reddition, Younès Bounouara avait exprimé son "impression qu'ils allaient les faire arrêter pour racket au Maroc", "car la police française ne faisait rien". Entendu en juin, Jean-Pierre Bechter a réfuté tout complot, expliquant qu'il s'agissait de "prévenir les familles" dans ce pays que leurs "enfants déconnaient". Une thèse de la "médiation" également défendue par le responsable des sports. Il avait d'ailleurs relevé qu'il ne s'était finalement "rien produit". "Ce sont des emmerdeurs. Il faut voir que je suis le point d'entrée pour Serge Dassault", avait-il expliqué.
Pour Me Dosé, si le "projet de l'association de malfaiteurs n'a visiblement pas été exécuté", c'est parce qu'"entre-temps, Fatah Hou a été victime d'une tentative d'assassinat". La plainte vise également des faits de corruption d'agent public étranger, de non dénonciation de crime et de collecte illégale de données personnelles.
