Remaniement : le "gouvernement resserré", ce marronnier

Jean-Marc Ayrault se verrait bien à la tête d'un "gouvernement resserré". Non content de renverser la vapeur et de se présenter en Premier ministre en voie d'être reconduit alors qu'on l'imaginait partant, il y a encore une semaine, l'ancien maire de Nantes s'est également aventuré sur le terrain d'un vieux fantasme politique. Le "gouvernement resserré" est devenu, à force d'annonces insatisfaites, la chimère de la Ve République.

Le record de Michel Rocard

Régulièrement évoquée en temps de remaniement, l'équipe rétrécie poursuit toujours les mêmes buts : réduire les coûts de fonctionnement du gouvernement et dégraisser un peu les effectifs. Mais cette annonce de cure d'amincissement n'est que très rarement suivie de faits. Si Michel Debré, Georges Pompidou ou Lionel Jospin ont, un temps, déjà réussi à tourner à moins d'une trentaine de ministres, nombreux sont les chefs de gouvernement à avoir fait gonfler leurs équipes.

Certains, à l'image de Pierre Messmer, Raymond Barre, Pierre Mauroy ou encore Edith Cresson, ont même poussé la gourmandise jusqu'à caser une bonne quarantaine de collaborateurs sur la photo, Michel Rocard établissant un record de 49. Le gouvernement Ayrault II compte, lui, 38 ministres, soit sept de plus que Fillon II. Ces chiffres ont toutefois en commun d'être très éloignés de l'objectif affiché de formation d'un "gouvernement resserré", celui-ci étant censé compter une petite vingtaine de membres.

L'exemple européen

Seul Fillon I avait atteint cette barre symbolique. Mais ce gouvernement était une équipe de transition, mise en place dans l'attente de la tenue des élections législatives de 2007, un mois après l'arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Élysée. François Hollande, prudent, n'a jamais évoqué d'équipe gouvernementale réduite, se contentant d'annoncer des économies. "Je me méfie des promesses qui fleurissent à chaque campagne présidentielle sur les équipes réduites ou les gouvernements resserrés", expliquait-il lors de la dernière campagne présidentielle.

S'il est en phase avec son Premier ministre, le président de la République devra donc renoncer à la tradition française des effectifs pléthoriques. Pour ce faire, le duo exécutif serait bien inspiré de lorgner sur ce qui se passe chez nos voisins européens. L'Espagne, l'Italie ou le Royaume-Uni comptent en effet entre une quinzaine et une vingtaine de ministères.