Quand François Fillon reculait sur une réforme à cause de la pression de la rue

Lors du débat de l'entre-deux-tours de la primaire de la droite et du centre, Alain Juppé a assuré vouloir être "un président qui préside", en admettant avoir "reculé" en 1995 sur la réforme des régimes spéciaux de retraite. Selon lui, cette dernière "n'était pas prête" et cet abandon n'aurait rien à voir avec la pression des manifestants. Au micro de RTL, ce vendredi 25 novembre, c'est François Fillon qui s'est cette fois targué de ne pas plier sous la pression de la rue. Et de rappeler qu'il n'avait pas renoncé à sa réforme des retraites en 2003, alors qu'il était ministre des Affaires sociales. 

"J'ai eu droit à 2 millions et demi de personnes dans la rue, ce qui ne m'a pas empêché de faire la réforme", a-t-il soutenu au micro d'Élizabeth Martichoux. Des propos dans la lignée de ce qu'avait déclaré à l'époque Jean-Pierre Raffarin, alors premier ministre. "Ce n'est pas la rue qui gouverne !", avait-il martelé. Et pourtant, François Fillon n'a pas toujours tenu bon face à l'opposition citoyenne. Ministre de l'Éducation nationale entre 2004 et 2005, l'ancien sénateur de la Sarthe a porté une réforme de l'Éducation, avec un volet sur le baccalauréat visant à instaurer un système de contrôle continu.

"Les lycéens, c'est comme le dentifrice"

Un projet qui a suscité l'ire des lycéens. Un premier mouvement a entraîné des manifestations rassemblant 100.000 élèves à travers la France. Entre février et mars 2005, les défilés se succèdent. Pour pouvoir faire passer le reste de sa réforme, François Fillon recule sur le volet touchant au baccalauréat. La rue est en partie victorieuse et le reste de la loi est adopté en avril 2005. La même année, François Fillon est écarté du gouvernement Villepin. Un épisode qui a inspiré une métaphore à Jack Lang et Luc Ferry, tous deux anciens locataires du ministère de la rue de Grenelle. "Les lycéens, c'est comme le dentifrice : quand ils sont sortis du tube, on ne peut plus les faire rentrer".