Les professeurs de classes préparatoires sont-ils des nantis ? C'est la question à nouveau soulevée par Benoît Hamon lors de son passage au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, dimanche 11 octobre. "Il faut revoir les conditions de rémunération des professeurs de classes préparatoires, très bien payés pour être devant quatre élèves", pointe l'ancien ministre de l'Éducation nationale. Pour le député des Yvelines, ces économies pourraient permettre d'augmenter les indemnités accordées aux enseignants du premier degré (l'école primaire), comme il souhaite le demander dans un amendement au projet de loi sur le budget de l'année 2016.
Son prédécesseur, François Peillon, s'est pourtant heurté à une réaction virulente de cette élite du corps enseignant lorsqu'il a avait essayé d'augmenter la charge horaire des professeurs de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). Mais pourquoi la rémunération de ces professeurs revient-elle encore sur le tapis?
Les enseignants de CPGE représentent une frange minoritaire de l'Éducation nationale : moins de 7% des enseignants en 2013. La majorité d'entre eux alterne d'ailleurs entre les lycées et les "classes prépa" qui permettent d'accéder aux grandes écoles (École normale, Polytechnique, HEC...). Ils ont quasiment tous passé le concours de l'agrégation et sont parfois "professeur de chaire supérieure", un titre décerné par le ministère de l'Éducation nationale.
En vertu de leur qualification et de l'enseignement d'excellence qu'il dispensent, les professeurs des CPGE perçoivent un salaire sensiblement supérieur à la moyenne. De plus, ils sont gratifiés d'une prime de 1.029€ à partir de 8 heures de cours hebdomadaires dans les "classes prépa".
Au-delà du salaire moyen de 3.594€ des professeurs de prépas, c'est surtout l'écart qui existe avec les salaires d'autres enseignants qui peut interpeller. En primaire, les professeurs des écoles touchent par exemple 2.221€ salaire mensuel brut. Les professeurs de CPGE représentent d'ailleurs une part non négligeable dans la masse salariale de l'Éducation nationale : plus de 9% du budget global.
La démarche de Benoît Hamon s'inscrit donc dans un souci de rééquilibrage des salaires au sein de l'Éducation nationale. Une étude de l'OCDE en 2013 avait pointé le niveau sensiblement bas des salaires des enseignants français en primaire par rapport à l’ensemble des autres pays européens et nord-américains.
Du côté du ministère de l'Éducation nationale, il n'est pas question de toucher aux salaires des professeurs de "classes prépa" aujourd'hui. "La ministre va poursuivre l'augmentation de l’indemnité d'accompagnement et de suivi des élèves", explique un membre du cabinet de Najat Vallaud interrogé par RTL.fr.
Ces nouvelles primes, mises en place par Vincent Peillon, permettent aux enseignants de primaire de toucher deux versement annuels de 200€. Benoît Hamon souhaiterait qu'elles soient doublées mais estime le coup de cette mesure à 160 millions d'euros.
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