Cette simple phrase pourrait coûter cher à Marine Le Pen, à treize jours de la campagne présidentielle. La candidate du Front national a jugé dimanche 9 avril que la France n'était "pas responsable" de la rafle du Vel d'Hiv en 1942 à Paris, au cours de laquelle près de 13.000 juifs avaient été arrêtés, "une faute grave" pour Emmanuel Macron.
"Je pense que la France n'est pas responsable du Vel d'Hiv", a répondu au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro la présidente du Front national, interrogée sur cette rafle et la décision du président Jacques Chirac de reconnaître en juillet 1995 la responsabilité de la France. "Je pense que de manière générale, plus généralement d'ailleurs, s'il y a des responsables, c'est ceux qui étaient au pouvoir à l'époque, ce n'est pas LA France", a précisé la benjamine du Menhir.
D'aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen
Emmanuel Macron
L'eurodéputée s'est portée en défenderesse d'une France "malmenée", dans laquelle "on a appris à nos enfants qu'ils avaient toutes les raisons de la critiquer, de n'en voir peut-être que les aspects historiques les plus sombres".
"D'aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen", a réagi sur BFMTV Emmanuel Macron. "Il ne faut pas avoir de complaisance ou minimiser ce qu'est le Front national aujourd'hui dans notre pays. Donc c'est une faute grave, ce qu'elle a fait", a-t-il jugé. "En niant la responsabilité de l'État français sur le Vel d'Hiv, Marine Le Pen rejoint son père sur le banc de l'indignité et du négationnisme", a abondé sur Twitter Christian Estrosi.
La candidate du Front national s'est défendue dans un communiqué publié dimanche 9 avril dans la soirée. "Comme Charles de Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l'Occupation et que le régime de Vichy n'était pas la France. C'est une position qui a toujours été défendue par le chef de l'État, avant que Jacques Chirac et surtout François Hollande, à tort, ne reviennent dessus", écrit-elle dans ce texte, dans lequel elle qualifie le régime de Vichy de "régime collaborateur et illégal".
Le Crif et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) ont également réagi, dans des communiqués séparés, dénonçant "des propos révisionnistes". Pour l''UEJF, "cette déclaration de Marine Le Pen s'inscrit dans la lignée révisionniste du Front national". "Ses déclarations sont une insulte à la France, qui s'est honorée en 1995 à reconnaître sa responsabilité dans la déportation des juifs de France et faire face à son histoire, sans mémoire sélective", a fustigé le Crif.
Je ne ferai pas d'excuses au nom de la France
François Mitterrand
"La France, patrie des lumières et des droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable", avait déclaré Jacques Chirac le 16 juillet 1995 au square des Martyrs du Vel d'Hiv, à Paris, présidant les cérémonies du 53e anniversaire de la rafle. "Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français", avait-il ajouté.
Pour la première fois au plus haut sommet de l'État, un président reconnaissait la responsabilité de la France dans les déportations de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Il se démarquait clairement de son prédécesseur François Mitterrand qui s'y était toujours refusé, ou encore de Charles de Gaulle. "Je ne ferai pas d'excuses au nom de la France. La République n'a rien à voir avec ça. J'estime que la France n'est pas responsable", avait affirmé l'ancien président socialiste en 1994. Se plaçant résolument dans les pas de Jacques Chirac, le président François Hollande a reconnu à son tour en 2012 que le crime commis à l'encontre des juifs, lors de la grande rafle du Vel d'Hiv, l'avait été "par la France".
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