Port du voile et islamophobie : Marlène Schiappa a-t-elle changé d'avis ?
INVITÉE RTL - "Interdire le voile à l’école est contraire à la loi de 1905", estimait en 2014, la ministre déléguée à la Citoyenneté.

En gestation depuis des mois, le projet de loi, voulu par le président de la République et destiné à lutter contre le séparatisme et l'islam radical, doit être présenté mercredi 9 décembre en Conseil des ministres.
En juillet 2014, dans une tribune publiée sur le site du HuffPost, Marlène Schiappa écrit : "L’article 1er de la loi de 1905 prévoit que la République 'ne reconnaît, ne salarie, ne subventionne aucun culte'. Ni plus ni moins. Interdire le voile, c’est reconnaître le voile comme signe religieux, donc reconnaître une religion, interdire le voile à l’école est donc contraire à la loi de 1905".
Marlène Schiappa a-t-elle changé d'avis ? "Sur le fond de la ligne sur la laïcité, je n'ai pas changé d'avis sur le voile. On caricature beaucoup mes positions passées présentes (...) Il y a des sujets, par exemple concernant le voile pour les accompagnatrices scolaires, sur lequel je n'ai absolument pas changé d'avis", explique-t-elle lors du Grand Jury RTL, Le Figaro, LCI dimanche 6 décembre.
Ne plus employer le terme "islamophobie"
Et d'ajouter : "Je suis contre l'interdiction du voile pour les sorties scolaires, notamment parce que j'ai été élue locale et j'ai vu parfois dans des écoles qu'aux réunions de parents vous avez des mamans voilées. Si vous leur interdisez de venir (...) vous les stigmatisez et les écartez des gens de l'école".
Mais Marlène Schiappa indiquait en 2014 qu'"interdire aux femmes voilées d'accompagner les sorties scolaires de leurs enfants relève ni plus ni moins de l'islamophobie". La ministre déléguée à la Citoyenneté affirme avoir fait "évoluer" sa position sur le sujet depuis six ans.
"J'ai utilisé dans le passé le terme d'islamophobie. Ce qui m'a fait changer d'avis, c'est que j'ai lu le livre posthume de Charb Lettre ouverte aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes (...) Dans ce livre, il fait une démonstration sémantique sur le fait que le terme islamophobie peut être manipulé et que pour lui, il y a du racisme contre les musulmans et mais ce terme mène à des dérives", indique Marlène Schiappa.
La ministre estime que le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, assassiné dans l'attentat contre la rédaction en 2015, "avait raison". "Je n'emploie plus ce terme", a-t-elle conclu.
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