Du temps et de l'argent pour les enseignants des zones d'éducation prioritaires. Tel devrait être, en substance, le contenu des mesures que doit annoncer Vincent Peillon pour réformer l'éducation prioritaire, qui concerne 20% des élèves, selon le compte-rendu du Conseil des ministres de ce mercredi 15 janvier.
Il s'agit de "rendre plus attractifs pour les enseignants les postes dans les territoires qui concentrent le plus de difficultés, stabiliser les équipes", avait dit le président François Hollande mardi lors de ses vœux. Les établissements en éducation prioritaire, qui accueillent beaucoup d'élèves de familles défavorisées, pâtissent en effet d'une forte rotation des personnels.
La réforme, qui sera détaillée ce jeudi par le ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon, sera d'abord expérimentée "sur une centaine de réseaux préfigurateurs" (écoles et collèges) à la rentrée 2014, puis elle essaimera à la rentrée 2015 dans "un millier de réseaux dont 350 regrouperont les situations les plus difficiles", détaille le compte-rendu.
"Si on veut donner à ceux qui ont le moins les mêmes chances de réussite", il faut franchir "un palier dans les moyens", avait déclaré le ministre en décembre. Les enseignants des 350 réseaux bénéficieront "d'un temps pour se former, travailler en équipe et développer les relations avec l'élève et sa famille".
En décembre, Vincent Peillon avait annoncé que des décharges horaires seraient accordées à des enseignants en éducation prioritaire en primaire et secondaire. Chaque heure de cours sera comptabilisée comme 1,1 heure, sachant que les instituteurs effectuent 24 heures de classe par semaine et les professeurs certifiés 18 heures.
Dans tous les collèges de l'éducation prioritaire, les élèves de 6ème seront "pris en charge de façon continue jusqu'à 16h30 grâce à des recrutements d'assistants d'éducation permettant de leur proposer des activités pédagogiques et éducatives en petits groupes lorsqu'ils n'ont pas cours", selon le compte-rendu. Les réseaux "établiront des projets pérennes" et auront "dans la durée les moyens pour les mettre en œuvre".
Les indemnités des personnels de l'éducation prioritaire seront "substantiellement revalorisées jusqu'à être doublées dans les situations les plus difficiles", pour les encourager à rester, indique le document. Avoir travaillé en éducation prioritaire pourra être pris en compte dans le déroulement de carrière. Le texte n'évoque pas de réduction des effectifs des classes, considérée par des chercheurs comme un levier efficace.
Syndicats et parents d'élèves ont salué ce mercredi une "relance" de l'éducation prioritaire. Ce n'est "pas seulement un ajustement", a souligné Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.
Les politiques d'éducation prioritaire ont commencé en 1982 avec la création des ZEP, suivant l'idée de "donner plus à ceux qui ont moins", sans empêcher pourtant un accroissement des inégalités, soulignées par l'enquête Pisa de l'OCDE. Plusieurs éléments "n'ont pas fonctionné", selon Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l'OCDE, citant l'effet "stigmatisant" du mot "ZEP" ou l'affectation de "jeunes enseignants inexpérimentés", pas préparés pour enseigner à des élèves "plus en difficulté qu'ailleurs".
La
politique d'éducation prioritaire "est loin d'avoir atteint ses
objectifs", estime le sociologue Pierre Merle. Les établissements "n'ont
pas eu beaucoup plus" de moyens. "Parfois, on peut penser qu'ils ont eu
moins", ajoute-t-il, citant le faible taux de scolarisation des enfants
de deux ans en Seine-Saint-Denis, département le plus en difficulté, ou
l'affectation de professeurs en début de carrière, moins payés et moins
expérimentés.
Ces établissements "sont particulièrement
sous-dotés" en options linguistiques, souligne Pierre Merle. Et le label
éducation prioritaire "favorise les stratégies de fuite des enfants des
catégories moyennes et aisées". "Les ministres successifs n'ont
pas continué la politique de leurs prédécesseurs", dit Marc Douaire,
président de l'Observatoire des zones prioritaires (OZP). "Il était
temps de tout mettre à plat, en tenant compte de l'histoire et en
l'inscrivant dans la durée".
Il existe un risque que les
enseignants perçoivent tout assouplissement de leur temps de travail
comme "une petite compensation" compte tenu des difficultés, n'ayant pas
"un effet incitatif", prévient la sociologue Agnès Van Zanten, pour qui
il faut aussi "agir sur la mixité" sociale. Il faut que ces
établissements soient "assez attractifs pour qu'une fraction des classes
moyennes accepte de rester".
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