Municipales 2014 : Chalus, village sous tutelle faute de candidat
Aucun candidat ne s'est présenté aux élections municipales, cette année à Chalus (Puy-de-Dôme). Résultat, le village est sous tutelle préfectorale.
Le village de Chalus (Puy-de-Dôme) a été placé sous tutelle préfectorale, faute de candidat à la mairie. Le maire sortant, Alain Ollé, 71 ans, n'a pas trouvé de remplaçant pour gérer cette commune de 180 habitants perchée sur unecolline dominant la plaine d'Issoire, au sud du département.
"Ça fait drôle de ne pas ouvrir le bureau de vote. On se sent en dehors de la société", confie Alain Ollé. Il n'a pas souhaité faire un deuxième mandat. "J'ai 71 ans, j'estime que j'ai fait ce que j'appelle mon service national", explique-t-il. "Et puis, maire d'une petite commune comme Chalus, c'est beaucoup de travail. On n'a pas de pare-feu, on est toujours en première ligne. Il faut à la fois gérer les budgets et s'occuper des conflits de voisinage".
Le village (...) est en train de mourir.
Une habitante
Au sein du conseil municipal, qui compte 12 sièges au total, personne ne souhaitait non plus se présenter. "Alain Ollé se serait représenté, je l'aurais suivi", dit une élue. "Mais je ne veux pas travailler avec quelqu'un d'autre." Pour le sortant, "ça a d'abord été la surprise, puis la colère" de ne pas trouver de successeur. Désormais, c'est plutôt la résignation, comme chez les rares habitants que l'on peut croiser au détour des vieilles maisons en pierre.
Résignation des habitants de Chalus
"C'est dommage, lance une habitante. Mais que voulez-vous ? Le village, comme beaucoup d'autres, est en train de mourir. Il n'y a pas de commerces, pas d'écoles, pas de médecin. Il y a trente ans, c'était le cas, mais maintenant, tout est à Saint-Germain Lembron, à quatre kilomètres d'ici."
À les entendre, tous semblent avoir une bonne raison de ne pas se lancer. "Moi, j'ai déjà fait quatre mandats de conseiller municipal, ça me suffit", explique un septuagénaire. Quant aux jeunes, "ils travaillent ou ont des enfants en bas âge", souligne une autre habitante.
La préfecture a nommé trois administrateurs
Ne plus avoir de maire ne semble pas troubler outre mesure la population. C'est pourtant la première fois que cela se produit dans le département. La loi du 17 mai 2013 qui impose de faire acte de candidature pour être élu a compliqué la donne dans les communes de moins de 1.000 habitants.
Pour l'heure, à Chalus, trois personnes nommées par la préfecture administreront la commune pendant deux mois. "Nous sommes partis à la recherche de candidats, jeunes retraités de la fonction publique ou de la gendarmerie", explique Hélène Geronimi, sous-préfète d'Issoire. Cette délégation, dont la mission principale est d'organiser de nouvelles élections, a des prérogatives très limitées : impossible de faire voter un budget, de signer des contrats ou d'embaucher du personnel.
Même cas de figure à Saint-Jean-en-Val, autre commune du Puy-de-Dôme sans maire. Il y a bien eu des candidats élus au premier tour dimanche, mais les élus ont démissionné mardi. La sous-préfecture ignore pourquoi, "un conseil municipal n'étant pas obligé de motiver sa décision de se dissoudre". "Mais une commune ne peut pas rester sans exécutif, ajoute Hélène Geronimi. Je suis persuadée que cette mise sous tutelle provoquera des réactions, dans l'une et l'autre ville."
