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Mort de Jean-Marie Le Pen : l'histoire glaçante du poignard à son nom retrouvé en Algérie

En 2002, le journal "Le Monde" révèle l'existence d'un poignard gravé au nom de Jean-Marie Le Pen. L'objet a été retrouvé par le fils d'une victime de tortures pendant la guerre d'Algérie. Le fondateur du Front national a toujours nié les faits qui lui étaient reprochés.

Jean-Marie Le Pen, président du FN, lors d'une conférence de presse les accusations de torture en Algérie portées contre lui.
Crédit : JOEL SAGET / AFP
Comment l'Histoire jugera-t-elle Jean-Marie Le Pen ?
00:41:00
Marie Zafimehy
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C'est un vieil objet au métal usé par le temps. Les photos montrent tout de même nettement le nom qui y est gravé : "J.-M. Le Pen". Le patronyme est suivi d'une inscription militaire : "1er REP" pour "Premier régiment parachutiste". Ce poignard a été retrouvé par Mohamed Moulay, fils d'un Algérien torturé pendant la guerre d'indépendance par, dit-il, Jean-Marie Le Pen, décédé ce mardi 7 janvier 2025.

L'histoire surgit pour la première fois en 2002 : à la veille du second tour de l'élection présidentielle qui oppose le co-fondateur du Front national à Jacques Chirac, le journal Le Monde publie le témoignage de Mohammed Chérif MoulayDans cet article republié à l'occasion des 80 ans du Monde, l'homme raconte l'histoire de son père Ahmed et la découverte de cet objet glaçant.

Le 3 mars 1957, en pleine guerre d'Algérie, raconte-t-il, des militaires français font irruption dans la maison de la famille Moulay à la Casbah d'Alger, rapporte le journal. Ils cherchent, disent-ils, des militants du FLN. Ahmed Moulay, le père, est interrogé puis torturé sous les yeux de ses six enfants et de sa femme. Pendant plusieurs heures, l'homme est supplicié par le groupe de militaires et décède au petit matin. C'est à leur départ que Mohammed, 12 ans à l'époque, découvre un poignard gravé du nom de Jean-Marie Le Pen.

La situation est grave, un homme qui a les mains pleines de sang, prétend entrer à l'Élysée

Mohammed Moulay

Mohammed Moulay se souvient également que les jours qui ont suivi la mort de son père, le groupe de parachutistes est revenu chez lui, à la recherche du poignard qu'il avait préalablement caché. Au Monde, il raconte vouloir parler de cet événement face à la popularité du candidat du Front national à la présidentielle. "La situation est grave, dit-il au quotidien. Un homme qui a les mains pleines de sang prétend entrer à l'Élysée."

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Une histoire que ne manque pas de rappeler les figures politiques antifascistes et antiracistes depuis l'annonce de la mort de Jean-Marie Le Pen. C'est le cas par exemple de la députée LFI Alma Dufour qui a partagé la photo du poignard en question sur X, en réponse à l'hommage de François Bayrou. Le journal L'Humanité, fondé par le socialiste Jean Jaurès, en a même fait sa une : "La haine était son métier".

Jean-Marie Le Pen a toujours publiquement nié avoir commis des tortures pendant la guerre d'Algérie. En 1985, accusé par cinq témoignages, il dénonce à la télévision "un complot" et "un montage politique" de la part du gouvernement socialiste de l'époque. C'est dans cette lignée qu'à la suite de la publication de l'article du Monde en 2002, il organise une conférence de presse pour démonter les accusations du journal, et l'attaque en diffamation.

Consensus des historiens

Lors du procès qui se tient à Paris, Florence Beaugé, journaliste autrice de l'article incriminé, présente le poignard à la cour sous les murmures de la salle, décrit le journal.  Au procès sont également présents deux historiens : Pierre Vidal-Naquet et Henri Alleg, lui-même victime de tortures pendant la guerre d'Algérie pour son militantisme communiste. Les deux universitaires sont formels : Jean-Marie Le Pen a bien été un tortionnaire


Auprès du journal 20 Minutes, Fabrice Reputi, élève de Pierre-Vidal Naquet raconte avoir enquêté sur la base des plaintes archivées de la police d'Alger. Il insiste : "J’ai pu examiner ces dépositions. Quand on les croise entre elles et qu’on les compare aux éléments historiques que nous possédons, elles deviennent parfaitement crédibles."  

En 2003, Jean-Marie Le Pen perd le procès intenté au Monde à la suite de la publication du témoignage de Mohammed Moulay. Il perd aussi son appel et son pourvoi en cassation. Il n'a eu de cesse de poursuivre quiconque faisait allusion à son passé, perdant ses trois derniers procès. Mohammed Moulay, lui, est mort en 2012, dix ans après avoir livré son témoignage. Dix ans aussi après l'accession du Front national, au second tour de l'élection présidentielle. La première.

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