1. Accueil
  2. Actu
  3. Politique
  4. Manuel Valls : un discours incisif rythmé par une batterie d'annonces
4 min de lecture

Manuel Valls : un discours incisif rythmé par une batterie d'annonces

DÉCRYPTAGE - Lors d'une courte déclaration de politique générale, le nouveau Premier ministre est allé à l'essentiel en multipliant les annonces.

Manuel Valls après son discours de politique générale, mardi 8 avril à l'Assemblée nationale
Manuel Valls après son discours de politique générale, mardi 8 avril à l'Assemblée nationale
Crédit : AFP
profilrtl
Benjamin Hue

Manuel Valls sonne le changement. Dans un hémicycle plein à craquer, le nouveau chef du gouvernement a prononcé ce mardi 8 avril un discours de politique générale incisif

Un rite de passage très attendu que le nouveau locataire de Matignon a voulu bref et direct. En témoigne la durée de son allocution, presque deux fois plus courte (47 minutes) que celle de Jean-Marc Ayrault. 

La rédaction vous recommande

À l'inverse de son prédécesseur encore, Manuel Valls a remisé la pédagogie au placard. Le nouveau Premier ministre a multiplié les annonces, dont l'horizon, entre 2015 et 2025, l'inscrit de facto dans la durée

L'ancien ministre de l'Intérieur a donné le ton dès les premières minutes. "Trop de souffrance, pas assez d'espérance, telle est la situation de la France". Le nouveau chef de la majorité a dépeint "une situation d'urgence", promettant "la vérité" et "l'efficacité" aux Français.

Pas de recours à l'impôt pour réduire les dépenses publiques

À lire aussi

Manuel Valls était attendu au tournant sur la politique économique du gouvernement. Conformément à l'objectif élyséen de réduire les dépenses publiques de 50 milliards d'euros d'ici à 2017, le Premier ministre a indiqué qu'un collectif budgétaire rectificatif sera présenté avant l'été avant de détailler une série de mesures visant à baisser le coût du travail de 30 milliards d'ici 2016 dans le cadre de la mise en oeuvre du pacte de responsabilité.

La rédaction vous recommande

Pour arriver à 50 milliards d'euros d'économies d'ici à la fin du quinquennat, il a annoncé un "changement de rythme pour éviter tout recours à l'impôt". L'État et ses agences seront mis à contribution à hauteur de 19 milliards d'euros, l'assurance maladie à 10 milliards d'euros et les collectivités à 10 milliards.

Une batterie de mesures pour alléger la pression fiscale

Faisant de la baisse du coût du travail "un des leviers de la compétitivité", l'ancien locataire de la Place Beauvau a annoncé qu'à partir de 2015, les cotisations patronales à l'Urssaf seraient "entièrement supprimées", permettant d'aboutir à "zéro charge pour l'employeur d'un salarié payé au smic". "Une vraie révolution", s'est exclamé celui qui militait pour une TVA sociale en 2011. 

La rédaction vous recommande

Ne perdant pas une seconde, Manuel Valls a ensuite annoncé que les cotisations familiales seront également abaissées en 2016 pour les salaires jusqu'à trois fois et demi le smic. Il en va de même pour les cotisations famille des travailleurs indépendants avec une baisse de plus de trois points de leurs cotisations familles dès 2015. Des allègements qui s'ajoutent au crédit d'impôt compétitivité (CICE), qui représentera 20 milliards d'euros en 2015 pour les entreprises.

Le Premier ministre a également promis un geste fiscal pour les entreprises avec des baisses d'impôts de production, comme la "C3S" (contribution sociale de solidarité des sociétés) ou de l'impôt sur le résultat des sociétés, instauré par Nicolas Sarkozy, dont le taux, parmi les plus élevés d'Europe, doit être abaissé à 28% d'ici 2020.

La loi sur la transition énergétique présentée avant l'été

Au lendemain de sa nomination à Matignon, les écologistes ont annoncé qu'ils refusaient de siéger au gouvernement. Manuel Valls leur a donné le change, assurant que la "transition énergétique sera l'une de [ses] priorités". La loi sera présentée "avant l'été", a-t-il assuré. 

Le Premier ministre a réitéré les objectifs de réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50% d'ici 2025, ainsi que la réduction de 30% de la consommation d'énergie fossile et de 40% des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2040. 

Un big bang territorial

Laissant peu de répit à une assemblée dissipée, Manuel Valls a ensuite dessiné les contours d'un véritable "big bang territorial", préconisant de réduire de moitié le nombre de régions dans l'Hexagone avec une nouvelle carte des régions le 1er janvier 2017, si les régions n'ont pas fusionné d'ici là par "délibérations concordantes". Une nouvelle carte des intercommunalités doit également entrer en vigueur début 2018.

La rédaction vous recommande

Le Premier ministre a aussi proposé la suppression pure et simple des conseils départementaux en 2021 et celle de la clause de compétence générale, afin que les compétences régionales et départementales soient exclusives et spécifiques.

La réforme des rythmes scolaires "assouplie"

Le nouveau chef du gouvernement s'est également saisi du dossier sensible des rythmes scolaires. Cinq mois avant sa généralisation, Manuel Valls a défendu "une bonne réforme grâce à laquelle beaucoup plus d'enfants ont accès à des activités périscolaires". 

Mais il a assuré avoir également "entendu les remarques de bonne foi venant d'élus". Dans cette optique, il a annoncé que "le cadre réglementaire sera assoupli après une série de concertations".

La rédaction vous recommande

Manuel Valls s'est ensuite montré plus flou concernant le calendrier de la réforme pénale, la famille ou la fin de vie, à propos de laquelle il a indiqué attendre "un consensus" avant de légiférer. 

Mais l'essentiel est ailleurs. En près de trois quart d'heure, le nouveau Premier ministre a tenu sa promesse : aller plus vite et plus loin que son prédécesseur.

La rédaction vous recommande