Figer une situation. Après l'échec électoral aux législatives pour la majorité, Emmanuel Macron cherche une issue de secours. A défaut d'avoir anticipé cette situation - c'est-à-dire la perte de la majorité absolue - le président de la République cherche à gagner du temps.
Acte I : Emmanuel Macron a ainsi refusé la démission d'Elisabeth Borne. Si à première vue, cela permet de dire que le chef de l'État soutient sa première ministre, cette hypothèse pourrait s'estomper dans les jours à venir. Acte II : consulter, consulter, consulter. Le président a reçu les chefs de partis et de mouvement pendant deux jours. Acte III : renverser la vapeur.
Changer de Premier ministre dans les jours à venir et constituer un nouveau gouvernement n'aurait fait que rajouter de l'incertitude. Elisabeth Borne ne fait (déjà) plus l'unanimité.
Selon Aurélie Herbemont, journaliste politique à RTL, Emmanuel Macron "essaye de voir, il tâtonne". "Il ne conforte pas Elisabeth Borne. Normalement, la tradition est que vous acceptez la démission du premier ministre et vous le renommer aussitôt. C'est une façon de le légitimer et à ce moment-là vous le chargez de former un nouveau gouvernement", rappelle-t-elle.
En refusant sa démission, Emmanuel Macron a fait "une espèce d'entre deux pour attendre, et pour gagner du temps : 'Je refuse la démission. J'ai utilisé Elisabeth Borne pendant quelques jours, quelques semaines, quelques mois...' en attendant d'y voir plus clair", ajoute la journaliste.
Dans les situations de crise, la première tentation d'Emmanuel Macron est toujours d'attendre. "Ce n'est pas le pourrissement, mais il attend que les choses murissent, cristallisent et arrivent finalement à une décision évidente pour lui", analyse Olivier Bost, éditorialiste politique à RTL.
Elisabeth Borne fait office de victime idéale dans cette situation très complexe. Certains dans l'entourage du chef de l'Etat poussent en coulisses pour un changement de premier ministre. Le patron du MoDem et proche d'Emmanuel Macron, François Bayrou, a commencé insufflé le doute quant aux capacités de la première ministre à gérer la crise.
Sur France inter, le maire de Pau milite désormais pour que le locataire de Matignon ait un profil "plus politique". "Je pense que les temps exigent que le Premier ministre, ou la Première ministre, soit politique, qu'on n'ait pas le sentiment que c'est la technique qui gouverne le pays, mais au contraire les sentiments profonds qui s'expriment dans le peuple", a-t-il déclaré.
L'entourage de la première ministre assure qu'Elisabeth Borne a toute la confiance du président de la République. "Le fait de dire qu'Élisabeth Borne serait technicienne alors qu'elle a été ministre pendant cinq ans et qu'elle a porté des réformes difficiles et centrales dans le quinquennat précédent est déplacé. Tout le monde perd ses nerfs", juge ses proches auprès de BFMTV.
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