"Il reste quoi aujourd'hui comme alternative ?" : comment le RN a prospéré chez les anciens syndicalistes de Florange

En Moselle, d'anciens leaders syndicaux et figures de la lutte contre la fermeture des derniers hauts-fourneaux de Florange en Moselle militent aujourd'hui pour le Rassemblement national.

Arcelormittal à Florange

Crédit : AFP

RTL ÉVÉNEMENT - Comment des syndicalistes du combat pour les hauts fourneaux ont basculé pour le RN

00:04:25

Je m'abonne à la newsletter « Politique »

Florange, ça parle forcément. Souvenez-vous ! Les hauts-fourneaux d'ArcelorMittal, ces cathédrales de feu, définitivement mis à l'arrêt le 24 avril 2013. 600 salariés licenciés. Une partie du personnel reclassée. Et la fin de l'acier fabriqué en Lorraine.

Quelques mois auparavant, alors en campagne pour les présidentielles, François Hollande s'était rendu sur place. La scène avait marqué les esprits. Juché sur le toit de la camionnette de l'intersyndicale, le candidat socialiste redonnait espoir aux salariés en lutte. "Je ne suis pas simplement venu vous dire ma solidarité. Je suis venu pour vous dire ma responsabilité." Des espoirs qui seront vite douchés.

Depuis, des socialistes déçus par des promesses non tenues de la gauche ont basculé dans le camp du Rassemblement national. Frédéric Weber, par exemple, se trouvait à la pointe de ce combat d'une vie.

François Hollande s'adressant aux salariés de Florange, le 24 février 2012

Crédit : SIPA

"Le but, c'est de construire quelque chose de nouveau"

Passé par la CFDT, longtemps représentant Force Ouvrière, l'homme a quitté le syndicalisme après 17 ans d'engagement social. Il a repris son travail d'infirmier à plein temps chez ArcelorMittal et s'est lancé en politique - sans objectif d'être élu pour le moment.

Une rencontre avec Jordan Bardella. Le contact avec pris avec le RN. "Si on entend par la gauche la défense du plus faible, la répartition juste de la valeur ajoutée, j'étais effectivement quelqu'un de gauche. Ces quinze dernières années, la gauche a-t-elle vraiment incarnée cela ? J'en suis beaucoup moins sûr." Pour lui, la gauche avait "tous les pouvoirs en 2012". Et de poursuivre : "On nous avait promis monts et merveilles, et puis on connait la suite. Il reste quoi aujourd'hui comme alternative ?"

Dans le RN, "il y a beaucoup d'idées qui sont des idées de droite", avoue-t-il. "Le but, c'est de construire quelque chose de nouveau : des idées de gauche, des idées de droite, des idées de patriote." Avec en ligne de mire, l'alternance politique en 2027.
Pascal Grimmer a aussi cru au maintien des hauts-fourneaux. Lui aussi, il a eu tort. La gauche ? "Que des menteurs." Du coup, il a voté RN par "vengeance." Marine Le Pen ou Jordan Bardella ferait-il mieux ? "Ils n'ont jamais été au pouvoir (...) Mais je ne pense pas qu'il ferait autrement. Le monde de la finance nous gouverne."

Si le RN arrivait demain au pouvoir, en six semaines, tout le monde serait chômeur"

Édouard Martin

Tous les syndicalistes de cette époque n'ont pas emprunté le même chemin. Édouard Martin était un autre visage du combat, une gueule même. Élu député européen en 2014 pour le parti socialiste, l'ex-métallo de Florange a dû mal à comprendre le choix politique de ses copains de l'époque. Notamment Frédéric Weber. "Comment va-t-il rejoindre un parti qui a fait son cheval de bataille sur la différenciation entre citoyen."

Dans la sidérurgie, "100% des matières premières viennent de pays étrangers, 60% de la production faite ici part à l'étranger", explique-t-il. "Si le RN arrivait demain au pouvoir, en six semaines, tout le monde serait chômeur."

L'homme croit encore en la gauche. À l'époque du conflit, des politiques, des artistes et autres intellectuels de gauche avaient occupé la rue et les journaux. Depuis, plus grand chose. Et à Hayange, c'est le RN qui s'est engouffré dans cet espace abandonné.

La rédaction vous recommande