Faire une alliance avec la gauche. Jusqu'où Jean-Luc Mélenchon est-il prêt à aller pour contrer Emmanuel Macron ? Le gouvernement doit faire face à une semaine sociale chargée avec l'appel à manifester lancé par sept syndicats de fonctionnaires et quatre organisations représentatives de la SNCF. L'enjeu est de taille pour eux puisque cette journée de contestation donnera le tempo pour la suite du mouvement.
Du côté des politiques aussi tout se joue. Pour Emmanuel Macron, l'enjeu sera d'afficher sa fermeté, sans pour autant faire preuve d'autorité. Pour l'opposition, l'objectif est d'abord d'exister et de prouver qu'il est possible de faire basculer le gouvernement.
C'est dans cette démarche qu'Olivier Besancenot a amorcé son retour dans le paysage médiatique. Le porte-parole du NPA reproche à Emmanuel Macron et à son gouvernement de vouloir diviser les Français. C'est pourquoi il s’attelle à unifier la gauche, faisant ainsi replonger Jean-Luc Mélenchon dans ses vieux démons.
Le 9 mars dernier, l'appel a été lancé. "On est en train de vivre une séquence sociale et politique extrêmement importante, imposée par le gouvernement, autour de la bataille des services publics de ce qu'il se passe dans le Ehpad, dans les universités, avec les cheminots. Là on aura besoin de tous se rassembler, clame Olivier Besancenot. Je le dis fraternellement à Jean-Luc Mélenchon puisque je n'ai pas d'adversaire dans ce camp-là : personne, à lui seul, ne peut incarner l'opposition sociale et politique à la gauche du gouvernement Macron".
Cette mise en garde avenante a donc été lancée et immédiatement rattrapée au vol par Benoît Hamon. À son tour, l'ancien candidat à la présidentielle de 2017 tend la main à son adversaire politique : après avoir "discuté avec les écologistes, avec Noël Mamère, Pierre Laurent ou Olivier Besancenot", il estime qu'il y a "une unité syndicale, il doit y avoir unité politique à gauche. Ce qui est en jeu dépasse nos petites personnes. C'est le service public, son avenir ou sa fin". Il a ainsi appelé "les dirigeants de la France insoumise à mettre entre parenthèses leur stratégie solitaire pour ajouter leur force à la mobilisation unitaire".
L'heure était donc au choix pour Jean-Luc Mélenchon. Lors de la campagne présidentielle, le leader de la France insoumise avait joué au chat et à la souris au moment de s'allier avec le vainqueur de la primaire de la gauche. Résultat : des semaines d'allers-retours médiatiques entre les deux candidats, des appels restés sans réponse des deux côtés et finalement une quatrième place pour Jean-Luc Mélenchon et un score historiquement bas pour Benoît Hamon.
Sur son score à l'élection présidentielle, le leader de la France insoumise avait déclaré que si le leader du mouvement Générations avait retiré sa candidature, "il sera Premier ministre et moi président", dans une interview à La Provence le 14 septembre 2017. Et d'ajouter : "Benoît Hamon n'a pas été capable de prendre la décision qu'il fallait prendre (...) Les lois de l'Histoire n'annulent pas la responsabilité des décisions individuelles. Macron et Bayrou ont su saisir les occasions. Nous aussi. Pas lui".
Désormais, la lutte contre leur adversaire commun : Emmanuel Macron, semble avoir donné à ces anciens adversaires des points de rapprochement. Mercredi 21 mars, les représentants de douze organisations de gauche, avec Olivier Besancenot (NPA), Pierre Laurent (PCF), Ugo Bernalicis (France insoumise), Pascal Cherki (Générations) et David Cormand (EELV) ont appelé ensemble à manifester.
Ce rassemblement est un tournant politique. Comme le souligne L'Obs, "ils ne se sont pas affichés tous ensemble depuis des années. Et leurs retrouvailles sont joyeuses, comme celles d'une bande de copains qui s'est perdue de vue depuis longtemps mais qui a un passé commun". "Il y a une étape importante à franchir pour répondre au bras de fer voulu par le gouvernement. Nous sommes là pour dire une chose simple aux cheminots : 'Vous n'êtes pas seuls, pas seuls par rapport à l'opinion, pas seuls par rapport au gouvernement qui veut vous faire une tête au carré'", a expliqué le porte-parole du NPA au journal.
Le député de la France insoumise Ugo Bernalicis explique quant à lui : "Je vois aujourd'hui l'évidence que nous soyons tous ensemble mobilisés pour la défense du service public ferroviaire. Je vois d'un bon œil que la mobilisation s'amplifie. Le groupe parlementaire et La France insoumise y prendront leur part, c'est une évidence", rapporte L'Obs. Le mouvement politique de Jean-Luc Mélenchon semble s'être libéré de ses anciens démons et entame une nouvelle page pour la gauche.
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