Front national : comment le parti de Marine Le Pen tente de séduire les fonctionnaires

ÉCLAIRAGE - Le service public était un temps très hostile au Front national mais semble de plus en plus séduit par le discours du FN.

Florian Philippot, invité de RTL le 2 mai 2016

Crédit : Caroline Brenière / RTL.fr

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Le Front national mise gros sur les fonctionnaires pour tenter d'accéder au pouvoir. À moins d'un an de l'élection présidentielle, les initiatives et le discours du parti d'extrême droite vont clairement en ce sens. Dans un monde du service public qui a, durant de longues années, été assez hostile aux idées frontistes, les dernières enquêtes d'opinion montrent que certains secteurs deviennent de plus en plus favorables à une victoire de Marine Le Pen pour l'élection présidentielle de 2017.

Une étude du Cevipof, le centre de recherche de recherches politiques de "Sciences Po" à Paris, montre que le vote FN progresse clairement chez les fonctionnaires. Le "mouvement s'est sensiblement accéléré, notamment chez les fonctionnaires de catégorie C (postes moins qualifiés)", selon l'étude.

En 2012, 16% d'électeurs issus de la fonction publique de l'État avaient voté FN. 22,7% exprimaient avant les régionales de décembre 2015 leur intention de voter pour le parti présidé par Marine Le Pen. C'est chez les policiers et les militaires que les intentions de vote sont les plus fortes : elles atteignaient 51,5% fin 2015 contre environ 30% en 2012 selon le Cevipof.

Le secteur de la santé dans le viseur

Comment le FN arrive-t-il à réaliser d'aussi bons scores chez les agents de la fonction publique ? Florian Philippot cachait difficilement son intention de séduire les fonctionnaires mercredi 8 juin, en répétant à de multiples reprises sur notre antenne qu'il ne voulait pas que l'État s'attaque aux fonctionnaires. "On détruit le service public, a-t-il martelé à plusieurs reprises en se positionnant pour les retraits de la loi Travail et de la loi concernant la réforme du rail français. Exactement ce que demandent les organisations syndicales.

Le domaine de la santé est particulièrement visé par l'extrême droite. "Je le rappelle, l'hôpital n'est pas étanche par rapport à ce qui se passe dans le reste de la société, où le Front national a progressé partout", a même concédé la ministre de la Santé, Marisol Tourraine début 2016.

Positionnement social pour attirer les déçus de la gauche

Marine Le Pen s'est elle-même emparée du sujet et a lancé un collectif consacré aux questions de santé. Son parti s'attirerait déjà les faveurs de nombre d'aides-soignants et bénéficie de 44,7% d'intentions de vote dans fonction publique hospitalière selon le Cevipof. Ces enjeux sont d'autant plus décisifs que la population française est vieillissante et le vote des retraités un enjeu de la future campagne.

"La dérive (de la fonction publique) doit prendre fin", est-il écrit dans le projet du FN, qui ne lésine pas sur les superlatifs pour qualifier le domaine public. "L’un des plus grands crimes commis par les gouvernements UMP et PS successifs consiste à avoir méthodiquement travaillé à démanteler ce trésor national."

En se positionnant contre les libéralisations et la privatisation des services, le FN se place sur des questions très sociales qui peuvent séduire des déçus de la gauche et de l'extrême gauche traditionnelle. Une opération séduction qui porte ses fruits et qui pourrait être l'une des clés de l'élection présidentielle de 2017.

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