Européennes : le débat entre les têtes de liste a-t-il fait bouger les lignes ?

Du débat et des échanges (parfois, souvent) vifs. À cinq semaines du scrutin, sept candidats étaient pour la première fois réunis sur un même plateau, ce dimanche 5 mai 2024, lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Paris Première et LCP.

"Le débat a été très animé, parfois chaotique, mais très éclairant", analyse Olivier Bost, chef du service politique de RTL. Et de poursuivre : "Nous avons bien mesuré les forces et les faiblesses ainsi que les idées de chacun." Sans surprise, en tant que favori des sondages, Jordan Bardella, qui n'avait jamais participé à un débat dans cette campagne, a été attaqué par tous les autres candidats. Les tirs sont venus de la gauche et de la droite.

Ils sont précisément quatre à s'être jeté sur lui : Valérie Hayer (Renaissance), Marie Toussaint (Les Écologistes), Raphaël Glucksmann (PS/Place Publique) et Manon Aubry (La France Insoumise). Manon Aubry qui le considère comme "le larbin des grands patrons". 

Avant l'émission, le candidat RN s'attendait à "être attaqué". Son équipe avait préparé des fiches. Ce dernier a répondu quasi exclusivement à Valérie Hayer, sa cible principale. "Le 9 juin est un choix entre deux visions de l'Europe : l'Europe de Macron avec une immigration imposée, une écologie punitive, l'enfer fiscal pour nos chefs d'entreprise, la concurrence déloyale, la guerre de tous contre tous et, face à ça, l'Europe des nations, respectueuse des peuples, de leur identité".

Bardella face au "club des 5%"

À la sortie d'un débat parfois cacophonique, de nombreux sujets ont été mis sur la table avec la difficulté de discipliner les sept candidats. Car beaucoup jouent (très) gros : Olivier Bost parle du "club des 5%" : François-Xavier Bellamy (Les Républicains), Manon Aubry, Marie Toussaint et Marion Maréchal (Reconquête !). "Ils sont dans une zone rouge. S'ils ont moins de 5% des voix le 9 juin, ils n'auront pas d'élu. Quand vous jouez votre avenir politique, vous avez du mal à vous arrêter de parler."

Parmi les sujets évoqués, Thomas Despré, journaliste politique à RTL, note celui sur l'immigration avec sept interpellations entre Jordan Bardella et Valérie Hayer. Le candidat RN a notamment tenté d'obtenir une réponse à une question assez simple : "Il y a t-il oui ou non trop d'immigration en France ?" "L'enjeu, c'est la gestion de l'immigration irrégulière. La question, c'est comment on s'assure qu'il n'y est plus de 'jungle' de Calais", répond, sans vraiment répondre, la candidate Renaissance. Raphaël Glucksmann, de son côté, souhaite "une voie de migration légale". C'est l'avis aussi de Manon Aubry qui fut d'ailleurs renommée "Madame Hamas" par Jordan Bardella. 

Autre sujet : la défense européenne, et cette question : faut-il une armée européenne avec des soldats français, allemands, belges engagés sous les mêmes couleurs ? Cette proposition des écologistes ne plaît pas au candidat RN. "Emmanuel Macron veut faire une chose sans le dire, c'est supprimer la souveraineté de la France. Quand on évoque l'hypothèse d'une diplomatie européenne, ou accessoirement le partage de la dissuasion nucléaire avec nos partenaires européens, Emmanuel Macron fait un saut en avant fédéraliste pour transférer des leviers essentiels de la souveraineté française", affirme Jordan Bardella.

Réponse de Marie Toussaint : "Penser que la France peut être forte sans allié, c'est une folie. Vous êtes en réalité un agent de l'étranger. Quand on a une telle fascination pour Vladimir Poutine, pour Bachar al-Assad, on ne peut pas venir ici et dire qu'on défend les Françaises et les Français. C'est vraiment un mensonge."

"Des idées, du débat"

Ce dimanche soir, y voit-on plus clair sur les sept têtes de liste, notamment pour tous ces électeurs indécis ? "Il y a eu des idées, du débat", souligne Olivier Bost.

Sur la question de l'immigration, "on a bien senti les clivages entre les différents candidats", indique Julien Fautrat, journaliste au service politique de RTL. Thomas Despré, de son côté, se félicite d'avoir "vraiment" pu avoir "les positions de chacun sur la défense européenne, sur l'écologie. Ça change des débats où l'on ne fait que parler d'immigration et de sécurité". Pour lui, "on a parlé d'Europe, vraiment, pendant deux heures".

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