Nouvelle-Calédonie : la visite d'Emmanuel Macron ne fait pas l'unanimité
Le chef de l'État est en visite en Nouvelle-Calédonie depuis le 3 mai. Après une rencontre avec des lycéens, la visite d'un quartier et un dîner officiel vendredi, il se rendra à Ouvéa samedi, où sa venue est contestée.

À six mois d'un référendum sur l'indépendance qui se tiendra en novembre, Emmanuel Macron a entamé sa visite en Nouvelle-Calédonie jeudi 3 mai. Un voyage pour aller à la rencontre de "la Nouvelle-Calédonie d'aujourd'hui", a-t-il déclaré à son arrivée à l'aéroport.
Le Président a visité le lycée Michel Rocard à Pouembout, dans la province nord dirigée par Paul Néaoutyine, chef de file des indépendantistes, vendredi 4 mai au matin, où il a échangé avec des élèves de l'internat qui, avec ses 480 places, est le plus important de Nouvelle-Calédonie.
Emmanuel Macron doit se rendre vendredi après-midi dans le quartier de Montravel, au nord de Nouméa, un quartier dit de "reconquête républicaine", où il rencontrera habitants, commerçants et forces de l'ordre pour évoquer les enjeux de la police de sécurité du quotidien.
Marche bleu-blanc-rouge des non-indépendantistes
Dans le même temps, des formations de non-indépendantistes ont appelé à une marche bleu-blanc-rouge pour "montrer au président de la République (...), que la majorité des Calédoniens veut rester dans la France". Ils entendent dénoncer une visite présidentielle trop orientée vers l'identité kanak à leur goût.
Le chef de l'État participera vendredi soir à un dîner au siège de la Communauté du Pacifique à Nouméa avec les chefs d'État et de gouvernement des divers territoires de cette région. La problématique du changement climatique devrait être abordée, dans cette région particulièrement menacée.
À Ouvéa, une visite polémique
Le temps fort de la visite est prévu pour samedi 5 mai, où Emmanuel Macron se rendra dans la grotte d'Ouvéa, 30 ans après l'assaut meurtrier de l'armée française en 1988 contre des Kanak qui retenaient des gendarmes en otage. L'opération Victor avait fait 21 morts : 19 chez les Kanak, 2 chez les gendarmes.
Une visite qui suscite la polémique sur place, et ravive blessures et traumatismes. "Il faut qu'il apprenne qu'il y a des blessures qui demandent du temps", explique une habitante au micro de RTL. Pour elle, la venue d'Emmanuel Macron sur l'île en ce jour de deuil est "un affront".
C'est à nous maintenant de trouver un chemin, on a assez souffert
Marie, habitante d'Ouvéa
Pour d'autres, l'heure est venue de tourner la page. "J'ai perdu beaucoup de ma famille, ça restera gravé", raconte Marie à RTL. "Mais je pense que c'est à nous maintenant de trouver un chemin, on a assez souffert." Emmanuel Macron fera samedi ce qu'aucun président n'a risqué avant lui : poser le pied à Ouvéa et tenter de se réconcilier avec l'histoire.