Emmanuel Macron entame ce samedi 5 mai la journée la plus sensible de son séjour en Nouvelle-Calédonie. Il se rend en effet sur l'île d'Ouvéa, 30 ans après l'assaut sanglant de la grotte, avant de prononcer un discours très attendu, six mois avant le référendum sur l'indépendance.
Sa journée sera aussi marquée par un geste hautement symbolique, au Centre culturel Tjibaou à Nouméa, où il remettra au gouvernement collégial de ce territoire très autonome l'acte de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie, le 24 septembre 1853 au nom de Napoléon III. Le document était jusqu'alors conservé aux archives de l'outre-mer d'Aix-en-Provence. "Nous sommes sortis du temps de la possession, nous sommes dans le temps de l'adhésion politique et citoyenne", a-t-il déclaré vendredi soir lors d'une interview aux télévisions Caledonia et NC 1ère.
Étape emblématique de son séjour, Emmanuel Macron passera toute la matinée de samedi sur la petite île d'Ouvéa, théâtre en 1988 du paroxysme des violences entre indépendantistes kanak et loyalistes caldoches. Il y effectuera "trois gestes de mémoire et de recueillement", sans discours. Une cérémonie aura lieu devant la stèle commémorative de la gendarmerie de Fayaoué, théâtre le 22 avril 1988 de l'attaque d'un commando indépendantiste, qui avait tué quatre gendarmes et pris 27 autres en otages.
Deux moments de recueillement devaient être observés à Hwadrilla : l'un où ont été assassinés le 4 mai 1989 les deux leaders nationalistes, Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné par un indépendantiste radical, Djubelly Wéa, et l'autre devant le mémorial des 19 militants kanak tués lors de l'assaut de la grotte, certains sommairement exécutés.
Finalement, le président de la République Emmanuel Macron a déclaré à la presse lors de son arrivée samedi matin à Ouvéa en Nouvelle-Calédonie qu'il ne déposerait pas de gerbe sur la tombe des 19 kanak tués lors de l'assaut de la grotte en 1988, compte tenu des voix "dissidentes" sur sa venue.
Un collectif d'habitants de Gossanah, où se situe la grotte, est fermement opposé à la venue du chef de l'État au monument des 19, et a promis de "tout faire pour l'en empêcher". Minoritaires, ces habitants ont multiplié les manifestations à Ouvéa ces derniers jours pour exprimer leur colère.
"Il est important que je me rende à Ouvéa, que je puisse voir les familles qui souhaitent que je vienne et que j'aille à la gendarmerie. Je le ferai en respectant la part de dissensus", a déclaré le chef de l'État lors de son entretien télévisé. Cette étape suscite néanmoins des inquiétudes au sein des élus locaux. "Rien ne serait pire que (ce moment) se transforme en réquisitoire. J'espère qu'il n'y aura pas de manifestations, ni d'excitation", a déclaréPhilippe Dunoyer, député UDI.
Le parlementaire a également souhaité qu'Emmanuel Macron, dans son discours final au théâtre de l'île, rende hommage "aux pionniers et à toutes les communautés légitimes par leur participation à la construction du pays et qui méritent la reconnaissance de l'ñtat".
À son arrivée à Nouméa jeudi, Emmanuel Macron avait indiqué vouloir "consacrer des moments importants de notre histoire commune". Le président de la République doit également évoquer le référendum pour lequel "il n'entend donner ni conseil, ni injonction", mais en dessinant des perspectives quel que soit le choix "souverain" des Calédoniens.
Depuis 20 ans, un processus de décolonisation par étapes est en place en Nouvelle-Calédonie et doit déboucher le 4 novembre sur un référendum lors duquel les électeurs devront dire s'ils veulent "que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante". Au vu du rapport de forces actuel entre les deux camps, le "non" est attendu gagnant.
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