ÉDITO - Mort de Nahel : "Un jeune est mort et la vie d’un policier est brisée", lance Isabelle Saporta

Qui voudra encore devenir policier demain ? Qui voudra faire ce métier dangereux, mal payé, mal considéré et qui peut vous conduire dans les mêmes prisons que les délinquants que vous poursuivez ? Le policier n’aurait jamais dû tirer sur ce gamin de 17 ans. Même si ce gamin conduisait à toute vitesse et sans permis une Mercedes jaune canari immatriculée en Pologne.

Même si ce gamin avait plus d’une dizaine de mentions au fichier des antécédents judiciaires pour délits routiers, usage et détention de stupéfiant ou recel. Même si ce gamin s’était lancé dans une course folle dans laquelle il a manqué de renverser un piéton, a emprunté une voie en sens inverse et grillé un feu rouge.

Et même si, quand il a enfin été rattrapé par la police et sommé de s’arrêter, il a redémarré sa voiture. C’est vrai. Mais qui redémarre sa voiture quand il a été arrêté par des policiers après une course poursuite ? Qui se lance dans une course poursuite ? Pas vous. Pas moi. Ce gamin l’a fait. Il a redémarré. Le policier a tiré. Selon l’expert en accidentologie, son tir aurait d’ailleurs été dévié par le démarrage de la voiture. Et Nahel est mort.

C’est ce face-à-face mortifère qu’il est urgent de briser.

Isabelle Saporta

Le procureur conclut que les conditions d'usage de l'arme n'étaient pas réunies. Sans doute pas. Un jeune est mort et la vie d’un policier est brisée. Ce qui n’est plus supportable, c’est cette escalade. Avec des gamins délinquants qui n’ont plus aucun respect de l’autorité. Et des policiers tellement terrorisés par ces jeunes qu’ils finissent par tirer. C’est ce face-à-face mortifère qu’il est urgent de briser.