Jeudi 21 décembre, un sondage Elabe indiquait que 7 Français sur 10 étaient satisfaits de voir la loi immigration votée. Ce n'est pas étonnant. Ce qui est étonnant, c'est cette dissonance entre, d'un côté la bronca politique et médiatique contre la préférence nationale ou la priorité nationale, contre la pollution du texte par les idées du Rassemblement national. Et puis de l'autre côté, la réaction des Français. Oui, quand on interroge les Français, ils sont en faveur de cette loi à 70%, ce n'est pas un petit oui, c'est plutôt un gros oui.
Et ces 70% de personnes interrogées, on peut douter qu'elles soient toutes des extrémistes. Il s'agit pour beaucoup en fait de personnes modérées qui estiment que lorsqu'on arrive en France, on n'a pas automatiquement toutes les aides à disposition. Et c'est là-dessus d'ailleurs, qu'Emmanuel Macron a habilement manœuvré lors de son interview télévisée, en faisant passer pour du bon sens, ce qui, en réalité est un arrangement avec la droite.
Les médias et les responsables politiques sont pour une partie déconnectés des Français. Ce qui paraît le plus inquiétant dans ce décalage, c'est que cette situation rend quasiment impossible aujourd'hui un débat sur l'immigration, alors que l'immigration, c'est un sujet très important. Important, parce que, comme le disait Michel Rocard ou d'autres, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Mais important aussi parce que l'on va avoir besoin de l'immigration de travail, notamment en raison de la baisse de la natalité et du vieillissement de la population. Ça, il faut évidemment le prévoir. Et c'est là où le texte qui a été adopté sous la pression de la droite, en reprenant certaines mesures de l'extrême droite, bien que le président et la majorité s'en défendent, n'est pas à la hauteur.
Ce texte, qui devait être un texte pour lutter contre l'immigration clandestine, devient en fait un texte destiné presque à dissuader les étrangers en situation régulière dont nous allons avoir besoin. Patrick Martin, le patron du Medef, qui est sorti du bois assez tard, est venu rappeler que d'ici à 2050, nous allions avoir besoin de 3,9 millions de travailleurs étrangers. Et nous ne sommes pas le seul pays dans cette situation.
Nous aurons besoin de main-d'œuvre dans la restauration, l'hôtellerie, le nettoyage de nos bureaux, le BTP, la garde de nos enfants... Quand on réduit l'accès aux droits des immigrés en situation régulière, l'accès aux allocations logement, familiales, quand on réduit l'AME, on dissuade l'immigration. Et il faudra bien trouver des réponses aux pénuries d'emplois, sauf à trouver une main d'œuvre nationale pour ces emplois que les Français rechignent à occuper, sauf à dire aux allocataires du RSA qu'ils ne peuvent plus refuser un emploi.
Vous imaginez un peu la bombe sociale ? C'est tout cela que le texte, le débat, ont laissé de côté. Et c'est pour ça qu'il faut qu'on soit capable, dans les années à venir, de parler d'immigration de façon apaisée, de façon tranquille.
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