Départ de Collomb après les européennes : "Un cadeau empoisonné pour Macron"
ÉDITO - En annonçant qu'il comptait retourner à Lyon et quitter le gouvernement, Gérard Collomb n'a pas fait un cadeau à Emmanuel Macron. C'était un secret de Polichinelle, mais jusqu'au bout ce sera un boulet.

Décidément, c'est la saison des départs. Ou des annonces de départs, comme l'a fait mardi 18 septembre Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur. Il annonce qu'il se présentera aux municipales à Lyon en 2020 et qu'il envisage de quitter le gouvernement l'année prochaine.
Un ministre qui annonce qu'il rend son portefeuille un an avant, ce n'est pas banal. Curieux ? Vous êtes poli : moi je trouve ça désastreux. Non pas qu'il dise qu'il est candidat à Lyon en 2020, c'est un secret de Polichinelle ; mais qu'il le dise maintenant, au moment où il inaugure son opération "reconquête des quartiers" avec la mise en place de la police de sécurité du quotidien, alors qu'il a pour mission d'assurer la sécurité des Français, de s'attaquer au terrorisme, de gérer l'immigration.
Mais quelles sont ses priorités au juste ? Sa carrière et ses intérêts, ou sa mission au ministère de l'Intérieur, en tant que ministre d'État, numéro 2 du gouvernement ? Quand on est à Beauvau, c'est H24 (24 heures sur 24), parce que la priorité c'est le pays et que le ministre de l'Intérieur doit être fort et tout entier dédié à sa tâche.
Récidiviste, le premier flic de France !
Prend-il les devant parce qu'il se sait menacé à son poste ? Pour faire trembler Gérard Collomb, il faut se lever de bonne heure ! Il a une force d'inertie redoutable. Non, il n'y a pas de menace directe. Même si ces derniers temps, il a manqué de tact vis-à-vis du Président.
Dans l'affaire Benalla, il a plus pensé à protéger ses arrières qu'à jouer les boucliers pour Emmanuel Macron. Et puis sa sortie sur l'impopularité du Président, disant : "On a manqué d'humilité", n'a pas été bien reçue en haut lieu. Il a été un peu récidiviste sur les bords, le premier flic de France.
Collomb c'est un baron, pas un disciple
Alba Ventura
Non, il y a d'abord un ministre qui fait ce qu'il veut, qui dit ce qu'il veut. Souvenez- vous sur les 80 kilomètres/heures, il n'était pas d’accord. Et dans l'interview qu'il accorde à L'Express cette semaine, il y va franco en demandant à l'exécutif de ne pas "trop charger la barque des retraités". Et puis sans doute aussi, un ministre qui sent le vent tourner : un ministre lassé, déçu par son président précoce, un ministre qui a moins envie.
Vous savez Gérard Collomb n'était pas demandeur du ministère de l'Intérieur, il l'a fait par fidélité. Il sent bien qu'il n’est pas taillé pour l'aventure (il a 71 ans) et il se dit qu'il est temps de préparer son prochain atterrissage.
Collomb c'est un baron, pas un disciple. Lyon ainsi que "l'agglo", c'est un gros enjeu. Probablement plus gros que la région Rhône-Alpes-Auvergne que dirige Laurent Wauquiez.
Une impression que rien n'est tenu
Une décision qui brouille le message du Président et du Premier ministre ? Cela donne l'impression que rien n'est tenu, rien n'est maîtrisé : chacun fait sa popote dans son coin !
Regardez cette semaine : Christophe Castaner se croit autorisé à faire une sortie sur les droits de succession. Il est recadré par le Président. Mais ce n'est pas au Président de faire ça !
Au début du mois, c'était Nicolas Hulot qui s'en allait sans prévenir personne. Et là c'est donc Gérard Collomb qui impose son agenda. Ce n'est pas gérable. Collomb sera peut être utile à Emmanuel Macron dans deux ans aux municipales. Mais en attendant, pendant huit mois à Beauvau, il va être un boulet.
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