Chahuté à Sciences Po, Manuel Valls affirme être toujours "celui qui veut que ça bouge"
Le Premier ministre était à Sciences Po Paris mardi 3 novembre pour donner une conférence sur le thème "Réformer : pourquoi et comment ?"

"Valls tire-toi", "la gauche, tu l'aimes ou tu la quittes"... À son arrivée à Sciences Po, mardi 3 novembre, le Premier ministre a connu un accueil des plus mouvementés de la part d'une quinzaine d'étudiants proche du Front de Gauche.
Au micro d'i-Télé, Arthur Contamin, responsable du Front de Gauche Sciences Po Paris, explique "en avoir assez de la politique du gouvernement et de Manuel Valls". Il juge que les "cases sociales, même au sein des universités, sont un des gros problèmes de ce gouvernement" et exprime son soutien à "tous les salariés en lutte, que ce soit ceux d'Air France ou d'autres, contre Manuel Valls".
On ne peut pas gouverner à la schlague
Manuel Valls
La conférence donnée par le chef du gouvernement sur le thème "réformer : pourquoi et comment ?" était beaucoup plus calme. Répétant les formules exprimées ces derniers mois, il a rappelé la grandeur de la France qui souffre néanmoins d'une "perte de confiance profonde" liée à la "crise économique, sociale et démocratique" mais également à une "crise d'identité" et de "l'autorité". Le débat s'est animé lorsque l'un des étudiants lui a demandé si le "Manuel Valls briseur de tabous" ne s'était pas "assagi" et si le Premier ministre n'était pas "frustré, voire bloqué" par François Hollande.
"Moi je suis chef du gouvernement, j'avance bien sûr avec des compromis, parce qu'on ne peut pas gouverner à la schlague", a répondu le Premier ministre, alors que le gouvernement vient de revenir sur des hausses d'impôts des retraités et de décaler d'un an l'entrée en vigueur de la réforme des dotations de l'État aux collectivités.
Pas "frustré" d'être à Matignon
Affirmant à plusieurs reprises être "bien dans ses baskets" et "ne pas être frustré" à Matignon, Manuel Valls a ensuite plaidé que des idées jadis iconoclastes étaient devenues majoritaires à gauche et dans l'opinion, qui font qu'il n'est plus "à part". "J'ai le sentiment d'avoir fait évoluer profondément la gauche", a-t-il estimé, citant la sécurité, la laïcité, le maintien des assouplissements portés aux 35 heures et aux retraites, ou encore le soutien aux entreprises. "Je n'ai pas besoin d'être un frondeur ou à part", a-t-il affirmé.
"Je ne crois pas avoir perdu ma force de conviction et ma volonté de changer les choses", a encore ajouté le Premier ministre, qui a assuré être toujours le "Valls qui veut la réforme, qui veut que ça bouge", en s'excusant de parler de lui à la troisième personne. "Je considère que le pays avance, je suis en phase avec le Président sur ce point, a-t-il dit. Si j'estimais que je n'avais pas les moyens de gouverner, je ne serais plus évidemment à cette place. Je suis bien, ça va pour moi".